20 Minutes (Lille)

« Je ne suis pas un voyou »

Justice L’ex-footballeu­r de l’OM Souleymane Diawara comparaiss­ait jeudi devant le tribunal de Digne-les-Bains pour extorsion

- De notre envoyé spécial à Digne-les-Bains, Jean Saint-Marc

Une avocate nous avait annoncé du sang et des larmes : «Ils ont failli en venir aux mains la dernière fois qu’ils se sont vus ! » C’est finalement dans le calme que l’ex-footballeu­r Souleymane Diawara a été jugé, jeudi, à Digne-lesBains (Alpes-de-Haute-Provence). «Souley, je l’aime encore, ose même affirmer la victime, Adriano Bellens. Je suis dans une attitude d’apaisement, car il était dans un contexte d’alcool, ce soir-là!» Le procureur a requis trois ans de prison, dont un ferme, contre l’ancien joueur et son frère, Adama, pour extorsion. Et jusqu’à dix mois ferme pour leurs sbires. Le jugement devrait être mis en délibéré – à l’heure où nous bouclions, l’audience n’était pas terminée. Le 19 mars 2015, Diawara a envoyé cinq gros bras, dont son frère, Adama, mettre un coup de pression à ce concession­naire, endetté de 50000 € auprès du footballeu­r. En 2013, il lui avait vendu une voiture volée. L’histoire a traîné et l’homme a même proposé, pour éponger sa dette, d’offrir au défenseur passé par Bordeaux et Marseille, des portées de chiots. Mais le footballeu­r a fini par s’énerver.

« La violence ne mène à rien »

Un soir, cinq types sont montés dans un 4x4 et ont débarqué chez les Bellens, à Reillanne. « Je m’en bats les couilles de tes enfants, je veux mon argent », hurlait, selon les témoins, Souleymane Diawara qui pilotait, alors, l’équipe par téléphone. « Si tu parles, on te fume », lançait un des gros bras à Bellens, qui a appelé les secours. S’il avait été armé, « il les aurait tous flingués », explique-t-il, bravache. Pourtant, à l’arrivée des gendarmes, il s’est senti obligé de dire que c’était «des amis venus lui faire une surprise». Une surprise agressive : l’ancien légionnair­e assure avoir pris un coup sur la nuque et reçu une bordée d’insultes. Les cinq pieds nickelés sont repartis avec, en gage, une BMW. «Je ne veux pas faire couler ton sang devant ta famille, donnenous les clés», aurait menacé l’un d’eux. Les proches de Bellens, justement, étaient traumatisé­s : après le raid, la fille d’Adriano demandait régulièrem­ent «si les messieurs méchants allaient revenir ». Ce soir-là, le concession­naire croit avoir « vu la mort dans les yeux».

«Je ne suis pas un voyou, tout ce que je sais faire, c’est jouer au foot.» Souleymane Diawara a plaidé l’erreur passagère. «Bien sûr» qu’il regrette cette soirée. « J’aurais dû faire comme tout le monde, aller porter plainte, ajoute-t-il. La violence, ça ne mène à rien. La preuve : ça nous a menés en prison. Je regrette ça, avoir envoyé cinq amis en prison. J’aurais dû trouver un compromis, même si ce n’était que 1000 € par mois.» Une somme qu’il avait, à l’époque, refusée en guise de mensualité­s. Le défenseur central, qui évoluait alors à Nice, aurait répondu aux Bellens que 1000 €, «c’est le prix d’une paire de chaussures ».

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Souleymane Diawara accompagné de son avocate à Digne-les-Bains, jeudi.

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