Des services d’aide à domicile redoutent les nouveaux tarifs
Santé Certains services d’aide à domicile estiment que la nouvelle tarification précarise les services aux personnes âgées ou handicapées
Avec le vieillissement de la population, le problème va s’accentuer. Dans le Nord, certaines structures s’inquiètent de la modification tarifaire de la prise en charge de l’aide à domicile, décidée par le département. C’est le cas des trois principales fédérations locales de services d’aide et d’accompagnement à domicile (Saad) qui salarient 8 000 personnes et assurent 80 % des prises en charges de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et la prestation de compensation du handicap (PCH). Une des fédérations, l’Union nationale de l’aide aux domiciles (UNA) a même saisi le préfet sur la précarité des services. De son côté, le département du Nord assure qu’il s’agit d’équité territoriale pour les usagers.
En octobre 2017, le département a fixé à 21 € le tarif horaire pour l’APA et la PCH. Auparavant, aucun tarif n’était fixé. « Il y avait une analyse globale des coûts engendrés par des prestations plus complexes auprès des personnes fortement dépendantes ou dont les revenus étaient très faibles. Ce n’est plus le cas », déplore Hélène Lemaire, directrice de l’UNA. Or, selon elle, ces 21 € ne couvrent plus les frais des structures. Selon une enquête réalisée en 2018 par la direction générale de la Cohésion sociale (DGCS), le tarif moyen des prestations se chiffre à 22,23 € dans les départements. Geneviève Mannarino, vice-présidente chargée de l’Autonomie au conseil départemental, assure avoir effectué une moyenne entre les tarifs des 235 Saad du Nord. «Nous sommes un des départements qui financent le plus, note-telle. Et nous souhaitions une meilleure équité pour tous les usagers», explique-t-elle à 20 Minutes. « Les conséquences de cette politique qui vise à rogner sur tout, c’est que nos structures se retrouvent en difficulté », rétorque Hélène Lemaire. Pour Geneviève Mannarino, c’est surtout l’organisation des interventions qui fragilise les structures. « Nous savons que certaines Saad sont en difficulté, souligne-t-elle. Mais nous avons mis en place un fonds d’urgence pour les accompagner au mieux.» La situation n’a rien d’anodin, elle concerne 6 millions d’heures pour les personnes âgées et 1,5 millions pour les handicapés. «Et il y a 17% de travail illégal dans ce secteur », assure Hélène Lemaire.
L’autre sujet de discorde entre les fédérations et le département, c’est le reste à charge autorisé par le département. Plafonné à 87 € par mois, il représente néanmoins environ 10 % du revenu des plus pauvres. Plus de la moitié des usagers des Saad ont un revenu mensuel inférieur à 1 000 € dans le Nord.
« Nos structures se retrouvent en difficulté.»
Hélène Lemaire, directrice de l’UNA