Le parti Vox s’invite au Parlement grâce aux réseaux
Le parti d’extrême droite a utilisé la viralité des réseaux sociaux pour se faire une place au Parlement
Avec près de 10% des voix aux élections législatives espagnol es, le parti d’ extrêmed roi teVoxa réalisé, dimanche, une percée historique au sein de l’électorat. Vingt-quatre élus feront leur entrée au Parlement, une première depuis la mort de Franco, en 1975. Fondée en 2013, cette formation politique jusque-là marginale a connu une ascension fulgurante ces derniers mois, en se tournant notamment vers les réseaux sociaux pour conquérir l’électorat. « Nous avons opté pour une stratégie de communication directe, a expliqué le leader, Santiago Abascal. Cela a été une des clés du succès.»
Comme Trump ou Le Pen
Pourtant cinquième force politique, Vox a été leader sur les réseaux sociaux : il représentait ainsi 33 % de toutes les interactions des comptes officiels des cinq principaux partis, selon l’outil de mesure Social Elephants. Sur Twitter, il a obtenu en mars plus de 1,1 million d’interactions. Davantage que Podemos (886 000) et plus du double de celles des socialistes (551 000). Lors de ce scrutin législatif, le parti d’extrême droite s’est aussi beaucoup appuyé sur WhatsApp, qui est, de très loin, la messagerie la plus utilisée en Espagne. Les partis politiques l’ont bien compris et y ont concentré une bonne partie de leur communication ces dernières semaines. « Les messages sur WhatsApp pénètrent mieux, car ils sont partagés par des proches, souligne Silvia Martinez, experte en réseaux sociaux à l’Université ouverte de Catalogne. Dans un environnement où on est en confiance, on leur accorde plus de crédibilité.» Les réseaux sociaux ont surtout permis à Vox de pratiquer le « ciblage » électoral, en identifiant les potentiels électeurs, et de leur parler directement. « Vox a pu identifier les gens qui n’ont pas voté ou qui étaient démobilisés, mais ayant des centres d’intérêt particuliers, comme la chasse, analyse Ruben Durante, de l’Institut catalan de recherches et d’études avancés. Le Pen l’a fait en France, le Mouvement 5 étoiles en Italie, Trump aux Etats-Unis… »
Autre technique pour s’imposer, créer la polémique pour multiplier les messages sur les réseaux sociaux. « Ce qui leur importe, c’est que les gens parlent d’eux, même en mal, explique Ruben Durante. Ces arguments polémiques attirent l’attention et, finalement, ils gagnent, parce que leurs détracteurs ne voteraient pas pour eux, de toute façon. »