Le cancer comme adversaire
Déjà utilisée partiellement en radiologie, l’intelligence artificielle pourrait révolutionner la prise en charge de la maladie.
Des outils actuellement testés pourraient révolutionner la prise en charge de la maladie
«Incepto, c’est un peu le Netflix de l’imagerie médicale s’appuyant sur l’intelligence artificielle », annonce Gaspard d’Assignies, radiologue et cofondateur de cette plate-forme. Elle développe des outils qui vont aider les médecins à poser des diagnostics, et collecte et anonymise des données médicales afin de créer des applis d’intelligence artificielle (IA) qui, à terme, seront utilisées par les soignants. La radiologie est l’un des services hospitaliers privilégiés par l’IA. Le deep learning – apprentissage automatique par modélisation qui a accouché de la reconnaissance faciale ou vocale – permet de lire, trier et vérifier une grande quantité d’images. Bientôt, elle pourra éviter de passer à côté de signaux inquiétants. «Auparavant, les algorithmes n’étaient pas assez performants, avec des taux d’erreurs de 20 %, contre moins de 5 % aujourd’hui », note Alain Livartowski, directeur des datas de l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie.
« Dans le cas d’un cancer du poumon, tenter de repérer des nodules sur un scanner du thorax revient à chercher une aiguille dans une botte de foin, note Gaspard d’Assignies. Là, l’algorithme va définir où ils sont, leur taille et donner une probabilité de cancer. Dans le cas d’un cancer du sein, on pourrait aussi imaginer qu’une mammographie, aujourd’hui lue par deux médecins, parfois à plusieurs jours d’écart, sera directement examinée par le radiologue et la machine, pour un diagnostic plus rapide.» Du stress en moins pour la patiente, et un temps précieux gagné quand le cancer est déjà installé. Cette IA pourrait, en radiologie, être une solution contre la désertification médicale. « Le radiologue gagne jusqu’à 30% de temps de lecture avec l’IA, observe Gaspard d’Assignies. Cet appui d’algorithmes va accompagner les radiologues non spécialisés d’arriver à un niveau de performance comme s’ils étaient des experts. Dans un désert médical, l’IA peut se révéler une aide précieuse pour diagnostiquer un cancer rare. »
Cependant, l’IA, considérée comme une révolution par de nombreux experts, n’en est qu’à ses débuts. «Il faut faire la preuve que ces techniques sont supérieures à celles d’aujourd’hui et qu’on trouve un modèle économique pour que l’IA ne reste pas confinée dans les instituts spécialisés, prévient Alain Livartowski. Il y a aussi des problèmes éthiques. Ainsi, en cas d’erreur de diagnostic, est-ce la machine ou l’humain qui est responsable?»
«L’IA peut être une aide précieuse pour diagnostiquer un cancer rare. »
Gaspard d’Assignies, radiologue