Une taxe tord-boyaux pour la filière
La filière viticole a haussé le ton lundi. Elle a demandé la création d’un fonds de compensation par l’Etat, à hauteur de 300 millions d’euros par an, après la mise en place par les Etats-Unis d’une taxe Airbus de 25 % qui pénalise l’exportation de ses vins outre-Atlantique. La taxe est effective depuis le 18 octobre et la filière commence déjà à mesurer l’ampleur des répercussions sur ses exportations. En novembre, les vins de Bordeaux ont enregistré un recul de 46 % de leurs chiffres d’affaires et de 24% en volume sur leur deuxième marché à l’export, qui était jusqu’alors stable.
Diminution des ventes
« L’aéronautique est taxée à 10 % et les vins français, dans un conflit aéronautique, se trouvent taxés à 25 % », remarque Bernard Farges, président de l’interprofession bordelaise. Pour le consommateur américain, cela revient à ce qu’un produit qui valait 10 $ [9€] se retrouve tout à coup à 12,5 $ [11,3€]. «La seule solution, c’est de prendre à notre charge la taxe, c’est-à-dire de réduire nos prix de 25 %, ce qui est énorme », ajoute Georges Haushalter, vice-président du syndicat de négoce.
Les clients américains, conscients que le niveau des taxes peut changer tous les quatre mois, sont attentistes et freinent leurs commandes auprès des négociants bordelais. «On voit bien que nos vins sont déréférencés, remplacés par des vins italiens ou d’autres origines non taxés, et la reconquête sera longue, coûteuse et difficile, avertit Georges Haushalter. Dans six mois, on sera morts. »