20 Minutes (Lille)

Le Pas-de-Calais, grand oublié sur la route des Oscars

Cinéma Le film, qui pourrait être le grand gagnant des Oscars, montre le Pas-de-Calais mais aucune scène n’a été tournée sur place

- François Launay

Le film fait un carton dans le monde entier. Au box-office, 1917 a atteint les 250 millions de dollars en un mois d’exploitati­on. Nommé dans dix catégories, le film réalisé par Sam Mendes pourrait triompher aux Oscars, dimanche à Los Angeles. A 10 000 km de là, le village d’Ecoust-Saint-Mein et ses 500 habitants seront attentifs aux résultats. L’intrigue de 1917 se passe en effet autour de ce village du Pasde-Calais détruit pendant la Première Guerre mondiale.

«Plein de choses sont fidèles»

Aucune scène n’a été tournée sur place, bien que des repérages aient été effectués. « Lors de la cérémonie des voeux, une dame m’a dit qu’un film parlait d’Ecoust-Saint-Mein. Je suis allé voir 1917 pour me rendre compte », raconte Michel Guidez, le maire, qui a pu comparer la réalité et la fiction. Parmi les choses vraies : le nom des villages comme Ecoust et Croisilles. « Par contre, on prononce “Ecou” et pas “Ecouste” comme le font les Anglais dans le film », sourit Michel Guidez. Au rayon des inventions, la topographi­e des lieux. On a eu beau chercher : aucune trace des chutes d’eau dans lesquelles le héros manque de se noyer.

« La première partie, dans les tranchées et le no man’s land est assez précise. Plein de choses, comme le lance-fusées et la lampe de poche des soldats sont très fidèles à la réalité », reconnaît David Querin, médiateur culturel au musée de Bullecourt. Lieu d’une bataille sanglante, le village de Bullecour n’est jamais mentionné dans 1917. Ce sont les jours qui précèdent la bataille qui sont au coeur de l’intrigue. Sam Mendes a pris quelques libertés avec la chronologi­e. « Le repli allemand de la Somme a duré deux mois et non une journée. Ce sont les Britanniqu­es qui séjournaie­nt à Ecoust et non les Allemands. En revanche, un assaut des Britanniqu­es, évoqué dans 1917, a dû être reporté, mais les soldats n’ont pas été prévenus de la manière dont le film le raconte », souligne Gilles Durand, auteur de Bullecourt 1917, à la recherche de soldats disparus et journalist­e à 20 Minutes. La première bataille de Bullecourt a causé la perte de plus de 3 500 hommes en six heures, le 11 avril 1917. Un carnage qui explique sans doute pourquoi Sam Mendes a réalisé son film en studio. « C’est très compliqué de creuser des tranchées ici pour les besoins d’un film. Enormément de munitions ont été déversées. On estime à plus de 4 000 le nombre de corps de soldats qui n’ont jamais été retrouvés. Ce sont autant de squelettes sur lesquels on peut tomber en creusant », précise Aurélie Le Cadet, responsabl­e du musée de Bullecourt. Tout le monde, sur place, comprend pourquoi le film n’a pas été tourné dans l’Artois. Reste qu’en cas de carton aux Oscars, Ecoust, Croisilles et Bullecourt espèrent profiter des retombées touristiqu­es de 1917.

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Les champs de l’Artois ont été reconstitu­és pour le film.

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