Le débat sur les retraites se durcit à l’Hémicycle
La guerilla parlementaire se poursuit à l’Assemblée nationale où les députés continuaient, jeudi, l’examen du projet de réforme
L’examen chaotique de la réforme des retraites se poursuit à l’Assemblée nationale depuis lundi. Jeudi, dans l’hémicycle, les députés examinaient encore l’article premier du texte, instaurant un système « universel » et « par points ». Les oppositions, surtout de gauche, se sont saisies de tous les outils pour dénoncer une réforme « injuste » et « impopulaire». La majorité, moins audible, a dénoncé un « sabotage parlementaire ». Mais elle a été contrainte de reculer sur une mesure prise mercredi pour raccourcir les débats, celle de supprimer les amendements ayant un objectif identique. «Ça va rajouter du temps de parole aux oppositions », concède Gilles Le Gendre, «mais ça en enlève aux polémiques ». Quant à l’opposition de droite, elle attaque également la majorité. «On n’a pas à être pris en otage entre insoumis, qui en rajoutent tout le temps, et LREM », soupire Eric Woerth, agacé. « A texte chaotique, débat chaotique», résume-t-il. Son collègue Patrick Hetzel a accusé la majorité « de saboter l’intégralité de ce débat parlementaire».
Fortes tensions
Les députés de la majorité, quant à eux, se sont très peu fait entendre. « J’ai demandé la parole à 10 h, je l’obtiens à 13 h », s’étonne le MoDem Erwan Balanant. « A ce rythme, le premier amendement déposé par le MoDem sera examiné le 26 mai », soupire Patrick Mignola, chef de file des députés centristes. «Il y a une frustration, car nos députés ont beaucoup travaillé», reconnaît Marie Lebec, vice-présidente du groupe LREM. «Certains se sont spécialisés sur la pénibilité ou certaines catégories professionnelles, mais, pour l’instant, ils sont empêchés de s’exprimer.» Autre conséquence de ces débats sans fin, les tensions se sont multipliées. Dans le brouhaha, les députés de gauche ont multiplié les rappels au règlement. Les questions de fond n’ont pas trouvé beaucoup de réponses, jeudi. «Quel sera le taux de remplacement?», demande le député communiste Pierre Dharréville à Laurent Pietraszewski, secrétaire d’Etat chargé de la réforme des retraites. Mais cette interrogation sur le futur montant des pensions reste sans réponse. Les débats doivent se poursuivre tous les jours jusqu’au 6 mars.