L’absence à l’école des élèves les plus fragiles inquiète
Education Une majorité de familles hésite encore à envoyer son enfant en classe, notamment dans les réseaux prioritaires
Un retour à l’école très (trop?) clairsemé. A Lille, après les élèves en élémentaire, c’est au tour des grandes sections de maternelle de retrouver le chemin de l’école, après la période de confinement liée à l’épidémie de Covid-19.
Le retour est programmé le mardi 2 juin, avec un maximum de dix élèves par classe pour éviter la propagation du coronavirus. Cette nouvelle rentrée en ordre dispersée aura-t-elle davantage de succès auprès des parents que la première, la semaine dernière ? Car une semaine après la première (petite) vague de retour à l’école, le constat est plutôt alarmant, notamment dans les quartiers populaires, comme le signale le site d’informations Médiacités, qui a interrogé plusieurs professeurs de la métropole lilloise.
A titre d’exemple, une école maternelle de Mons-en-Baroeul n’a revu que 4 des 146 élèves habituellement inscrits, alors qu’elle était en capacité d’en accueillir 60. Dans une école REP + (réseau prioritaire), une professeur raconte à 20 Minutes que l’école a dû supprimer un groupe d’élèves à cause de l’absentéisme : « Des parents ont désinscrit leur enfant à la dernière minute parce que dans leur tête, c’est compliqué. Ils ont peur de ce qu’ils entendent à la télévision. »
« Les enfants ne retrouvent pas leurs copains, ni leur professeur attitré, alors ils ne reviennent pas», souligne un enseignant. Cette école buissonnière, validée par le dispositif de volontariat de l’Education nationale, pose un problème plus profond. «Ce sont les enfants qui en ont le plus besoin qui restent chez eux », raconte une enseignante.
Dans les quartiers populaires, ce manque d’entrain pour renvoyer ses enfants à l’école a plusieurs explications. Le taux de chômage dépassant souvent les 30 %, il est rare que les deux parents travaillent, donc garder leur enfant ne pose pas de problème. Interrogés par AEF Info (un groupe de presse spécialisé dans l’enseignement), un responsable académique évoque aussi le ramadan, qui peut fatiguer certains enfants, et un chercheur au Centre de recherche en éducation de Nantes, Pierre-Yves Bernard, explique, lui, que les milieux populaires sont «plus angoissés par rapport au risque sanitaire et plus méfiants visà-vis de l’institution scolaire ». Le message d’un retour à l’école a donc bien du mal à passer. « C’est dommage, parce que les encadrants n’ont jamais été aussi nombreux par rapport au nombre d’enfants », témoigne une institutrice de Lille. Contactés, ni le directeur académique, ni le rectorat n’ont donné suite.
«Les parents ont peur de ce qu’ils entendent à la télévision.»
Une enseignante