Les Girondins de Bordeaux au bord de l’implosion
Football Finances, supporteurs, dirigeants... Le club bordelais traverse une grave crise sur fond de conflit entre la direction et les Ultramarines
Ils ne cessent de creuser. Et pourtant, les Girondins n’ont pas encore touché le fond. Entre le manque d’investissement sportif, la colère des supporteurs envers la direction et le silence assourdissant du propriétaire, la situation du club est critique.
La situation économique est la plus alarmante. Elle découle d’un rachat effectué grâce à des prêts et non des fonds propres. Les dettes sont très importantes (25 millions d’euros de déficit la saison dernière) et la crise sanitaire n’a rien arrangé. Selon nos informations, malgré l’accord salarial passé avec les joueurs et le prêt de la LFP, les pertes liées au Covid-19 pour les Girondins se chiffrent d’ores et déjà à 14 millions d’euros. King Street, le fonds d’investissement américain propriétaire du club, pourrait donc présenter un bilan comptable négatif de plus de 50 millions d’euros cette saison.
Le conflit qui oppose la direction du club et les Ultramarines, lui, a pris une nouvelle dimension avec la publication par le plus grand groupe de supporteurs bordelais des « Girondins leaks ». Des enregistrements réalisés à l’insu des dirigeants bordelais et publiés sur les réseaux, dans lesquels on entend la direction s’en prendre aux Ultramarines, à l’intégrité d’un journaliste ou à d’anciens joueurs.
Le maire demande des comptes
Face à cette situation, Frédéric Longuépée (PDG des Girondins) a annoncé le dépôt de plaintes. Il doit aussi faire face à des problèmes internes : un agent menace d’attaquer des responsables du club en justice alors qu’un autre a saisi la Fifa pour des transferts qu’il juge illégaux. Un contexte qui fait même réagir les politiques locaux. Le maire, Nicolas Florian, souhaite recevoir les dirigeants de King Street pour leur «demander des comptes». Autre rendez-vous important à venir, celui devant la DNCG. L’enjeu est simple pour Pierre Rondeau, économiste du sport : «Elle veille avant tout à la solvabilité des comptes et le risque à Bordeaux, c’est que le fonds d’investissement se désengage. Là, c’est sanction et relégation administrative. » King Street devra donc réaliser une nouvelle «lettre de confort », c’est-à-dire se porter garant des dettes. Elle sera faite «si nécessaire», confie un proche. L’option d’une vente du club à court terme, elle, serait toujours écartée. King Street souhaiterait attendre les nouveaux droits TV et obtenir l’exploitation du Matmut Atlantique avant de revendre. En interne, Frédéric Longuépée peut-il démissionner? «Non!», répond l’un de ses proches. King Street peut-il nommer une nouvelle direction? Impossible à dire aujourd’hui. Mais le fonds d’investissement suit tout ça de très près, à l’image de la nomination au conseil d’administration de Jean-Charles Cazes, directeur du domaine viticole Lynch Bages et amoureux des Girondins. Ce Bordelais est surtout une connaissance directe du milliardaire Brian Higgins, cofondateur de King Street. Seule chose certaine, le propriétaire va devoir réagir avant que le trou creusé ne se transforme en tombe.