20 Minutes (Lille)

«On n’a jamais vu autant de blagues»

Médias A l’occasion de la sortie de «Debout, les damnés de l’Uber!», Charline Vanhoenack­er parle de sa vision de la société et d’humour

- Propos recueillis par Aude Lorriaux

On a lu le livre Debout, les damnés

de l’Uber ! (éd. Denoël), de Charline Vanhoenack­er, sorti le 11 mai, et on a bien ri. On a aussi réfléchi, grâce à ce choix de 80 chroniques de la journalist­e de France Inter, à cette société « devenue un vaste room service », comme elle l’écrit. On avait donc hâte de savoir comment elle avait vécu cette crise, qui lui a offert un large terrain d’analyses et de blagues.

Comment s’est passé le confinemen­t ?

Je n’ai pas à me plaindre, j’ai continué à faire ma chronique le matin et mon émission l’après-midi. Si on regarde bien notre société aujourd’hui, on était prêts pour le confinemen­t, on a le streaming ou la VOD pour la culture, pour bouffer on peut se faire livrer… On était conditionn­és à rester chez nous.

Dans votre livre, vous n’avez pas mis les dates des chroniques…

Je pense qu’elles sont toutes intemporel­les. Je ne fais pas un bouquin chaque année avec mes chroniques : c’est 80 chroniques sur environ 600 en trois ans. Je voulais que le livre soit une vision kaléidosco­pique de la société, car j’ai l’impression qu’on est à un moment charnière… Aujourd’hui, ce qui est politique, c’est beaucoup plus la façon dont on consomme et dont on fait nos choix de société. Quand on choisit de regarder Netflix, d’utiliser des trottinett­es électrique­s, de commander des pizzas sur Uber Eats…

Ça vous déprime le fait de savoir que votre livre risque d’être d’actualité encore quelques années ?

Il n’y a pas que des choses négatives dedans, il y a beaucoup d’ironie, et des choses amusantes : faire une photo de son clafoutis, ça n’est pas dramatique, ça me fait marrer. Moi aussi je travaille sur un MacBook et j’utilise Google, je m’amuse de ces paradoxes.

Vous avez déjà commandé sur Amazon ?

Jamais. En revanche, mon livre est dispo sur Amazon, mais ça, ce n’est pas de mon fait, si on m’avait demandé, j’aurais dit non.

C’est plus facile de faire des blagues en temps de crise ou c’est pareil ?

Forcément, oui. On n’a jamais vu autant de blagues, de sketchs, sur les réseaux sociaux. Charlie Chaplin a dit : « L’homme n’est jamais aussi drôle que quand il regarde la mort en face. » L’humour est une bouffée d’oxygène. Et ensuite je trouve que la période de crise qu’on a vécue a offert un miroir inversé de notre société. A un moment, on a dit que la nicotine avait des effets positifs pour lutter contre le Covid… Et on disait : « Mamie, si je ne viens plus te voir, c’est parce que je t’aime. » Tout était à l’envers ! Les SDF ont monté les marches du palais du Festival de Cannes… Donc, est-ce que ça m’a inspirée ? Oui ! Dans la mesure où la crise a renouvelé du sol au plafond le discours sur la société, elle ouvre le champ des possibles pour faire de l’humour.

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La période de confinemen­t a largement inspiré la chroniqueu­se de France Inter.

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