Le fabuleux dessin de Josep Bartoli
Biopic animé L’artiste antifranquiste, qui a été notamment l’amant de Frida Kahlo, est le héros du film d’un autre dessinateur, Aurel
Une vie fascinante racontée à merveille. Dans le film d’animation Josep, adoubé par le festival de Cannes et soutenu par celui d’Annecy, Aurel raconte l’histoire de l’artiste engagé Josep Bartoli (1910-1995). Le réalisateur, dessinateur de presse et de bande dessinée, signe son premier long-métrage auquel Sergi López, Bruno Solo, Gérard Hernandez ou David Marsais ont prêté leur voix. Des camps français dans lesquels il a été parqué en tant que républicain espagnol en 1939 à sa renaissance à Mexico puis à New York, Josep entraîne le spectateur dans une suite d’aventures douloureuses ou flamboyantes inspirées de la vie de ce dessinateur antifranquiste. « J’ai découvert le travail de Josep Bartoli grâce à un livre de son neveu Georges, explique Aurel à 20 Minutes. J’ai eu envie d’apporter du mouvement et du son à son histoire. » Aurel a donc mêlé son style à celui de Bartoli. « Je me suis basé sur les évolutions graphiques de Bartoli tout au long de sa vie pour donner leur identité à chaque partie du film », précise-t-il. La grisaille sinistre de l’internement contraste avec les couleurs vives de Mexico, où Bartoli a été l’amant de Frida Kahlo. « C’est tellement incroyable qu’on se sentait obligés de le mettre. Cela nous semblait résumer en un seul élément le romanesque de son existence », insiste Aurel.
Force de résistance
Le film rend un hommage intense à Josep Bartoli, à son talent, mais aussi à sa force de résistance. « Je me suis inspiré de ce qu’il nous avait donné comme informations sur l’époque, puis je l’ai digéré et recréé à ma manière », raconte Aurel. La fiction permet de dévoiler un pan d’histoire méconnu en même temps que le travail d’un artiste brillant. Le dessin est une bonne façon de rester en retrait de la violence tout en révélant l’horreur en hors-champ. « Le spectateur est libre d’y projeter ce qu’il souhaite et son imagination est souvent pire que ce que nous aurions pu montrer », déclare le réalisateur. Une séquence d’exécution particulièrement rude témoigne par exemple de la puissance de la rencontre entre le réalisateur et le sujet de son film. Josep a donné à Aurel le goût du cinéma. Il songe déjà à un nouveau projet, encore secret.