20 Minutes (Lille)

Sur le terrain des injures

Le dernier PSG-OM a mis en lumière des insultes échangées entre joueurs. D’ailleurs, elles sont souvent utilisées pour s’affronter sur la pelouse.

- Nicolas Camus

Deux joueurs qui se parlent mal, une caisse de résonance importante, et voilà que certains semblent découvrir que les joueurs ne s’échangent pas que des amabilités sur un terrain. Oui, les insultes ont volé lors du dernier PSG-OM, le 13 septembre. Il appartient désormais à la commission de discipline de la LFP, ce mercredi, de déterminer si Alvaro a dépassé les bornes en abreuvant Neymar d’injures racistes.

« C’est assez courant pour saper la confiance de l’adversaire. » Franck Queudrue, ex-joueur

Les insultes entre joueurs sont vieilles comme le foot. «Un terrain, c’est une vraie cour de récré», résume un ancien arbitre. Et pas celle de l’école maternelle. Plutôt celle du lycée, où l’on s’insulte comme on se dit bonjour. Car les gros mots servent avant tout à perturber, désarmer. « C’est assez courant pour saper la confiance de l’adversaire ou le faire sortir du match », estime l’ancien Lensois Franck Queudrue. «L’ambiance n’est pas plus délétère qu’avant, mais ce qui a changé, c’est la portée que l’on donne à certaines insultes », glisse un membre du staff des Girondins. Il fait notamment référence au terme «enculé», qui a fait l’objet d’un vif débat en début de saison dernière. Mais il n’y a pas que la vulgarité sur un terrain de foot. Une autre méthode a fait ses preuves. Le coup des questions hors sujet, qui vous bouffent à petit feu. « Je n’ai jamais pu me concentrer, à cause de José Maria Giménez, racontait Radamel Falcao au magazine These Football Times, à propos d’un match entre la Colombie et l’Uruguay. Il m’a demandé quelle voiture j’avais. Puis pourquoi les drapeaux de l’Equateur, de la Colombie et du Venezuela avaient les mêmes couleurs ? Il m’avait rendu fou!» Autre parole très répandue sur les terrains, la menace. «L’attaquant qui te met un petit pont, tu lui dis : “Ne refais pas ça ou je te découpe”, décrit Queudrue. Mais c’est une fausse menace, bien sûr.»

Et, parfois, ça dépasse les limites. Si les incidents racistes ne sont pas si rares avec les spectateur­s dans les tribunes, ils le sont beaucoup plus entre joueurs. « On ne peut pas dire qu’il n’y en a pas, estime Yohan Tavares, un Franco-Portugais qui a beaucoup bourlingué. Quand il s’agit de déstabilis­ation psychologi­que, ça va se jouer systématiq­uement sur le racisme quand la personne visée n’est pas blanche. Mais quand un joueur blanc se fait pourrir, on va avant tout insulter sa mère.»

Il faut aussi prendre en compte l’origine du joueur ou la culture du pays où cela se passe. « Les Sud-Américains ont les “hijo de puta” et “concha de tu madre” très faciles, témoigne l’ancien Lyonnais Sidney Govou. Selon les cultures, tout cela a des portées différente­s.» Une remarque faite par presque tous les joueurs joints. Balancer « fuck you » passera inaperçu en Premier League. Moins en L1. «J’ai expulsé Balotelli pour ça, confirme l’ex-arbitre Tony Chapron. On me l’a reproché. Chacun met la limite là où il veut. »

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A nos lecteurs. Retrouvez votre journal «20 Minutes» vendredi dans les racks. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
Neymar et Alvaro Gonzalez au Parc des Princes, le 13 septembre. A nos lecteurs. Retrouvez votre journal «20 Minutes» vendredi dans les racks. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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Neymar et Alvaro se sont longtemps invectivés lors du dernier classique entre Paris et Marseille, le 13 septembre.

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