Faut-il s’inquiéter pour la santé mentale de la population ?
Santé Un rapport de l’OMS dénonce le manque de moyens de la santé mentale
Le spectre d’un reconfinement, le bilan du nombre de morts toujours en hausse… Selon une enquête de l’OMS publiée lundi, la pandémie de Covid-19 a perturbé ou interrompu les services essentiels de santé mentale dans 93% des pays du monde alors que la demande de soins a augmenté. L’organisation déplore également un manque de financement de ces services.
Viviane Kovess-Masféty, épidémiologiste et psychiatre à l’université de Paris, tempère le bilan pour la France. Pour elle, si les services de santé mentale ont en effet été perturbés, passant davantage par la téléconsultation et les appels téléphoniques, ce n’est pas nécessairement un mal : «Moins institutionnaliser les patients, laisser davantage de place à l’entraide et à leur autonomie peuvent être de bonnes choses.»
Pour Livia Velpry, sociologue et spécialiste des questions de santé mentale, «la psychiatrie a des difficultés depuis plusieurs années, la crise du coronavirus n’a fait que les faire ressurgir en plus grand ». Viviane KovessMasféty reconnaît que l’augmentation de la détresse psychologique sur une aussi grande échelle de population va entraîner la bascule, chez certains, vers des formes psychiatriques plus graves. « Mais l’effet sera certainement temporaire », comme dans d’autres traumatismes passés chez les populations. Lors du 11-Septembre, une hausse de la détresse psychologique avait ainsi été constatée, avant de disparaître trois mois plus tard.
Nuance de taille, le coronavirus draine la frayeur d’un climat socioéconomique ravagé à force de mesures sanitaires drastiques. En plus du stress engendré, cette nouvelle précarité n’est pas sans conséquence pour la psychiatre : « La précarité matérielle et sociale est un facteur de risque clair de maladie mentale. »
Alors, que faire ? Tout comme Viviane Kovess-Masféty, Livia Velpry tient à distinguer les cas psychiatriques avant le coronavirus et le reste de la population. Pour cette dernière, « il y a incontestablement des problèmes de santé mentale, mais pas des maladies. Des déprimes, voire des dépressions légères ou moyenne, du stress… Cela nécessite une offre d’écoute et d’accompagnement plus que de soins.»
«La précarité est un facteur de risque clair de maladie mentale. »
Livia Velpry, sociologue