La question majeure de l’alimentation sur les embarcations
Vendée Globe L’alimentation est un point central de la vie des marins pendant trois mois
Haro sur les idées reçues à propos des habitudes alimentaires de nos navigateurs du Vendée Globe. Non, on ne part pas à la pêche à l’espadon à bord d’un Imoca. Mais, oui, on réussit quand même à se faire un tant soit peu plaisir pendant un tour du monde en solitaire et sans escale. Le menu des skippeurs commence à s’étoffer, même si les aliments lyophilisés et leur excellent ratio poids à bord/ apports nutritionnels restent la norme. C’est notamment le parti pris par la Britannique Sam Davies (Initiatives Coeur) : «J’ai des plats lyophilisés que j’aime bien, je préfère ça que des conserves, ça fait moins de poids à bord.» Mais aujourd’hui, et bien que la société morbihannaise Lyophilise & Co approvisionne 30 des 33 bateaux en lice – preuve qu’on peut difficilement se passer de la poudre –, on frôle parfois l’indigestion au sein de la flotte. Chez Louis Burton (Bureau Vallée), c’est complètement assumé : «Moi, j’ai carrément pris ce pli-là, de tirer un trait dessus. Au début, je naviguais qu’avec du lyophilisé et, un beau jour, ça a fini par me dégoûter. Je pars avec des plats appertisés, cuisinés et mis sous vide.»
Environ 150 kg de nourriture
Sur une épreuve de trois mois aussi intense que le Vendée Globe, l’apport nutritif intrinsèque d’un régime alimentaire ne suffit pas à répondre de la bonne santé du skippeur sur la longueur. Le désavantage du lyophilisé réside dans sa fadeur, facteur aggravant de lassitude et ennemi du mental. «Ce n’est pas qu’une question de calories ! Il faut aussi ressentir l’envie de manger », abonde Sam Davies. En d’autres mots, l’alimentation a une dimension psychologique qu’il convient de ne pas négliger pour performer. «Les conditions à bord sont de plus en plus dures, donc, mentalement, c’est important d’apporter plus de confort, qu’il soit matériel ou alimentaire, pour tenir sur la durée de la course», explique Sébastien Simon (Arkéa-Paprec). « Dans ses sacs, indique Apivia, Charlie Dalin trouvera aussi ce que la nutritionniste appelle des “doudous alimentaires”, qui, grâce au sentiment de réconfort qu’ils apportent, permettent de libérer les enzymes apaisantes et fonctionnent comme des boosters.»
Et, au bout du compte, l’actuel deuxième de la course ne s’en sort pas si mal, avec 160 kg de nourriture pour 75 jours de course (la moyenne tourne autour des 150 kg).
Enfin, il n’est pas rare que les proches des skippeurs se permettent de glisser en douce des bonus alimentaires supplémentaires pour les grandes occasions. « J’ai du vin, du fromage, des smoothies, mais, surtout, j’ai de la chance d’avoir une chocolaterie comme partenaire, se réjouit Sam Davies. Donc j’ai du chocolat aussi.»