Perdus à la cité U
Sans cours en présentiel, sans jobs, sans contacts... De nombreux étudiants habitant dans une résidence universitaire vivent très mal la crise sanitaire.
Un drame qui a marqué la communauté universitaire. Samedi, un étudiant scolarisé en master de droit à Lyon-3 a tenté de mettre fin à ses jours en se jetant du quatrième étage de sa résidence universitaire de Villeurbanne (Rhône). «Les raisons de ce geste sont à déterminer, a réagi sur Twitter Hervé de Gaudemar, le doyen de la faculté. Mais la fermeture des amphis fragilise.» Seule une minorité d’étudiants ont en effet pu reprendre quelques cours en présentiel à la fac la semaine dernière. Les autres continuent à les suivre à distance, et ce depuis la fin octobre.
Cette situation pénalise tous les étudiants, mais elle affecte plus fortement ceux qui habitent en résidence universitaire. « Leur mal-être peut s’exprimer de manière plus intense, car ils ne bénéficient pas du soutien de leur famille et se retrouvent d’autant plus isolés », observe Paul Mayaux, président de la Fédération des associations générales étudiantes. Ce sentiment de solitude, Lauriane, qui a répondu à notre appel à témoins, l’éprouve : « Lors du premier confinement, tout était simple avec les gens de ma résidence, on se voyait souvent. Au fur et à mesure, l’ambiance est devenue de plus en plus calme. Puis vient le stress. Mes profs font de leur mieux, mais, au bout de six mois, on perd toute motivation. »
Si les étudiants des résidences sont davantage fragilisés en cette période, c’est aussi parce qu’ils rencontrent plus de difficultés financières que certains de leurs camarades. « Ils sont souvent boursiers et ne peuvent pas toujours bénéficier du soutien de leurs parents, constate Mélanie Luce, présidente de l’Union nationale des étudiants de France. Ils ont reçu une aide de 200 €, puis de 150 € de la part du gouvernement, mais c’est insuffisant.Car beaucoup d’entre eux n’ont plus de job.» Pour surmonter leurs angoisses, les étudiants peuvent solliciter un psychologue dans un service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé. Mais il est parfois difficile d’obtenir un rendez-vous : « On compte 1 psychologue pour 30 000 étudiants, indique Mélanie Luce. Ce n’est pas assez.» Une pénurie dont semble consciente la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, qui a annoncé lundi un doublement du nombre de psychologues dans les établissements.
« Mes profs font de leur mieux, mais, au bout de six mois, on perd toute motivation. »
Lauriane,