«Ça s’est résumé à des bonbons et du gel»… Les mesures gâchent (aussi) les pots de départ
Des lecteurs de «20 Minutes» témoignent d’une expérience douloureuse
Il est des étapes qui marquent une vie. Le départ d’une entreprise où l’on a roulé sa bosse plusieurs années en fait partie. Mais, comme de nombreuses réjouissances, les pots qui accompagnent ces au revoir sont empêchés par l’épidémie de Covid-19. Ce qui n’aide pas les personnes concernées à tourner la page.
«On m’a volé mon départ en retraite et j’ai abandonné mes collègues.» Michèle, 62 ans
Pas facile pour Cloé, 27 ans, qui a répondu à notre appel à témoignages. Confinée en Normandie chez ses parents, elle a appris en mars qu’elle avait décroché un autre emploi : « J’ai contacté les personnes une par une pour leur annoncer la nouvelle. Mon “pot de départ” s’est résumé à apporter des sachets de bonbons individuels, avec du gel à disposition pour éviter toute transmission du virus. » Cette tristesse est démultipliée quand il s’agit de mettre un point final à une carrière. Michèle, 62 ans, était agente des services hospitaliers depuis 1982.
Le 30 mars, elle a rendu sa blouse, le coeur lourd : « Cela a été un déchirement de partir comme une voleuse. Un repas était organisé le 1er avril : 50 de mes collègues avaient répondu présent. Tout a été annulé en pensant le repousser de quelques semaines. On m’a volé mon départ en retraite et j’ai abandonné mes collègues. »
« Ce qui m’a un peu perturbé, c’est d’arriver vers l’échéance, réaliser les démarches de demande de retraite et que l’employeur ne vous propose rien, après plus de quarante-quatre ans passés dans la même entreprise, regrette de son côté Denis, 60 ans. Ce n’est pas seulement l’organisation d’un pot de départ, il n’y a même pas un petit mot, le néant. »
Pour Elisabeth Couzon, psychologue clinicienne et autrice de Cahier d’exercices pour être un retraité heureux, il est important de boucler cette expérience par un acte concret. Charge à chacun de trouver une façon de se retrouver, en vrai ou par écran interposé. Véronique, 64 ans, professeure d’histoire-géographie, a dû quitter son établissement par temps de Covid-19. Mais sa fille lui avait préparé une belle surprise : elle avait collecté « les bons mots de ses collègues et organisé une cagnotte impressionnante ».