20 Minutes (Lille)

Les aires protégées par l’Etat sont-elles sans filet ?

Biodiversi­té L’Etat va protéger 30% de son territoire, dont 10 % en protection forte

- Fabrice Pouliquen

Protection forte de 250 000 ha de forêt, création ou extension de 20 réserves naturelles nationales, création de deux parcs naturels régionaux, protection de 6 000 ha de littoral… Mardi dernier, le gouverneme­nt a adopté sa stratégie nationale des aires protégées, qui vise à placer, dès 2022, ces dernières sur 30 % de nos territoire­s terrestres et maritimes, dont 10 % sous protection forte.

Cet objectif sera au coeur des négociatio­ns de la COP15 biodiversi­té, prévue en fin d’année en Chine. Emmenée par le Costa Rica et la France, « la Coalition pour la haute ambition pour la nature réunit les pays engagés à atteindre ce cap des 30 % et compte désormais une cinquantai­ne de membres », indique Yann Wehrling. L’enjeu est capital pour l’ambassadeu­r de France à l’environnem­ent : «Préserver la biodiversi­té nécessiter­a de s’attaquer à des changement­s profonds, notamment dans l’agricultur­e. Mais cela prend du temps. En parallèle, les aires protégées peuvent être déployées rapidement. C’est ce qu’arrivent à faire plutôt bien les Etats.» Mais il ne suffit pas de multiplier les aires protégées pour que la stratégie soit couronnée de succès. La France n’est pas à l’abri de créer des coquilles vides, indique Maxime Paquin. Le chargé de mission biodiversi­té à France nature environnem­ent rappelle que la France a déjà quasiment atteint, sur le papier, cet objectif des 30 % : « C’est un terme générique derrière lequel on trouve une trentaine de statuts, dont les degrés de protection varient », précise-t-il. Maxime Paquin trouve aussi à redire sur les territoire­s sous protection forte. Sont notamment concernés les coeurs de parcs nationaux, qui encadrent fortement les activités humaines. «Sauf celui du Parc national de forêts entre Champagne et Bourgogne [dernier parc à avoir été créé, fin 2019], regrette-t-il. On peut toujours y cultiver les céréales de manière intensive, pratiquer la chasse à courre, faire des coupes rases de parcelles forestière­s.»

Répartitio­n inégale

De mauvais augure pour la suite? C’est sur la protection forte – les fameux 10% – que se joue l’essentiel des enjeux. La France est en retard sur cet objectif, avec seulement 1,5% du territoire aujourd’hui concerné. Surtout, la répartitio­n est inégale. En ce qui concerne les espaces maritimes, 80 % de cette protection est concentrée sur un territoire : les Terres australes et antarctiqu­es françaises, relèvent des scientifiq­ues du Centre de recherches insulaires et observatoi­re de l’environnem­ent. «Cela revient à créer des aires en protection forte là où il y a peu d’enjeux, tout simplement parce que les activités humaines y sont très faibles, lance Maxime Paquin. Elles auraient bien plus d’impact si elles étaient créées en métropole. »

La France n’est pas à l’abri de créer des coquilles vides.

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Le Parc national de forêts, en Champagne et Bourgogne, a été créé fin 2019.
##JEV#118-71-https://tinyurl.com/y55vrqnf##JEV# Le Parc national de forêts, en Champagne et Bourgogne, a été créé fin 2019.

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