Le parc éolien souffle la discorde
Diplomatie La Belgique dénonce le projet d’implantation d’un parc éolien français qui doit être construit au large de Dunkerque d’ici à 2027
Vent mauvais. Un projet de parc éolien maritime, au large de Dunkerque, dans le Nord, s’attire de nombreuses critiques. Les dernières en date proviennent de la Belgique, qui se plaint du non-respect de sa souveraineté. Au point qu’un député (DVG) du Nord, Christian Huttin, a interpellé, dimanche, le ministre des Affaires étrangères français, à propos de « tensions diplomatiques naissantes». Se dirige-t-on vers une crise diplomatique ? Pour comprendre les enjeux, un retour en arrière s’impose. En 2016, EDF Renouvelable s’adjuge un appel d’offres pour construire 46 éoliennes offshore en mer du Nord d’ici à 2027. Le premier emplacement se trouvait jusque devant le port de Dunkerque, avant que les autorités ne mettent le holà « pour ne pas perturber le trafic commercial », explique un collectif opposé au projet. « Le problème, c’est que, maintenant, ce sont les habitants qui sont perturbés », souligne Florent Caulier du collectif Vent-Debout. Car la deuxième étude conduit ces hélices géantes (300 m de haut, l’équivalent de la Tour Eiffel) à s’implanter à seulement 10 km du littoral, entre Dunkerque et la frontière maritime belge.
Un site Natura 2000
«C’est l’ampleur et l’incohérence de ce projet qui nous gêne, insiste-t-il. Il risque de mettre un coup d’arrêt à la politique de développement touristique et s’implante sur un site protégé Natura 2000, ce qui devrait être interdit.» Le secteur est, en effet, un carrefour de migration pour les oiseaux. Pour contester ce projet, une pétition a été lancée et recueille à ce jour plus de 4 000 signatures. Mais c’est un soutien plus puissant que le collectif vient de recevoir. L’Etat belge, qui a également décidé de mettre son grain de sable dans l’engrenage législatif, menace d’un recours devant les tribunaux, si la France ne fait pas marche arrière. Dans une lettre envoyée à la commission du débat public, en décembre, le vice-Premier ministre belge, Vincent Van Quickenborne, dénonce ainsi une entrave au trafic aérien, à la sécurité du transport maritime et au secours en mer de son pays. Selon lui, la Belgique a proposé « une solution alternative » le 21 septembre. Et les griefs belges remontent même à plus loin. Dès juillet 2019, le port d’Ostende s’inquiétait déjà de ne plus pouvoir assurer une éventuelle desserte de ferry avec la Grande-Bretagne. La consultation publique, qui a duré trois mois, s’est terminée le 20 décembre et ses conclusions doivent être rendues en février. Contacté, EDF Renouvelable, porteur du projet, n’a pas donné suite. En 2017, l’implantation programmée d’un parc éolien dans le Pas-deCalais avait déjà créé des tensions avec un pays étranger. A l’époque, l’Australie avait finalement eu gain de cause, empêchant les turbines de s’implanter sur un lieu de mémoire de la Première Guerre mondiale.