20 Minutes (Lille)

Le parc éolien souffle la discorde

Diplomatie La Belgique dénonce le projet d’implantati­on d’un parc éolien français qui doit être construit au large de Dunkerque d’ici à 2027

- Gilles Durand

Vent mauvais. Un projet de parc éolien maritime, au large de Dunkerque, dans le Nord, s’attire de nombreuses critiques. Les dernières en date proviennen­t de la Belgique, qui se plaint du non-respect de sa souveraine­té. Au point qu’un député (DVG) du Nord, Christian Huttin, a interpellé, dimanche, le ministre des Affaires étrangères français, à propos de « tensions diplomatiq­ues naissantes». Se dirige-t-on vers une crise diplomatiq­ue ? Pour comprendre les enjeux, un retour en arrière s’impose. En 2016, EDF Renouvelab­le s’adjuge un appel d’offres pour construire 46 éoliennes offshore en mer du Nord d’ici à 2027. Le premier emplacemen­t se trouvait jusque devant le port de Dunkerque, avant que les autorités ne mettent le holà « pour ne pas perturber le trafic commercial », explique un collectif opposé au projet. « Le problème, c’est que, maintenant, ce sont les habitants qui sont perturbés », souligne Florent Caulier du collectif Vent-Debout. Car la deuxième étude conduit ces hélices géantes (300 m de haut, l’équivalent de la Tour Eiffel) à s’implanter à seulement 10 km du littoral, entre Dunkerque et la frontière maritime belge.

Un site Natura 2000

«C’est l’ampleur et l’incohérenc­e de ce projet qui nous gêne, insiste-t-il. Il risque de mettre un coup d’arrêt à la politique de développem­ent touristiqu­e et s’implante sur un site protégé Natura 2000, ce qui devrait être interdit.» Le secteur est, en effet, un carrefour de migration pour les oiseaux. Pour contester ce projet, une pétition a été lancée et recueille à ce jour plus de 4 000 signatures. Mais c’est un soutien plus puissant que le collectif vient de recevoir. L’Etat belge, qui a également décidé de mettre son grain de sable dans l’engrenage législatif, menace d’un recours devant les tribunaux, si la France ne fait pas marche arrière. Dans une lettre envoyée à la commission du débat public, en décembre, le vice-Premier ministre belge, Vincent Van Quickenbor­ne, dénonce ainsi une entrave au trafic aérien, à la sécurité du transport maritime et au secours en mer de son pays. Selon lui, la Belgique a proposé « une solution alternativ­e » le 21 septembre. Et les griefs belges remontent même à plus loin. Dès juillet 2019, le port d’Ostende s’inquiétait déjà de ne plus pouvoir assurer une éventuelle desserte de ferry avec la Grande-Bretagne. La consultati­on publique, qui a duré trois mois, s’est terminée le 20 décembre et ses conclusion­s doivent être rendues en février. Contacté, EDF Renouvelab­le, porteur du projet, n’a pas donné suite. En 2017, l’implantati­on programmée d’un parc éolien dans le Pas-deCalais avait déjà créé des tensions avec un pays étranger. A l’époque, l’Australie avait finalement eu gain de cause, empêchant les turbines de s’implanter sur un lieu de mémoire de la Première Guerre mondiale.

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Le projet prévoit d’installer 46 éoliennes offshore en mer du Nord.

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