20 Minutes (Lille)

La remontada selon Louis Burton

Vendée Globe Le Malouin, qui a subi des avaries et a accusé jusqu’à 1000 milles de retard, se bat désormais pour le podium

- William Pereira

Il y a des signes qui ne trompent pas. Un exemple? Le faux départ de Louis Burton, le 8 novembre aux Sablesd’Olonne, n’était que le premier obstacle d’un Vendée Globe semé d’embûches pour son bateau Bureau Vallée II (lire l’encadré). Sur la demi-douzaine d’embarcatio­ns prêtes à jouer la gagne, deux mois et demi plus tard, il est de loin celui qui a perdu le plus de terrain tout au long de son périple. Même les bonifiés Le Cam, Bestaven et Herrmann, impliqués dans le sauvetage de Kevin Escoffier, n’ont jamais connu les 900 et quelques milles de retard de Louis Burton sur la tête de course. Après avoir «songé plusieurs fois à l’abandon», le voilà qui joue aujourd’hui le podium, alors qu’il était remonté à la quatrième place mardi soir, à environ 130 milles (210 km) du leadeur, Charlie Dalin. «C’est un grand moment de bonheur dans ma vie de coureur que d’avoir réussi à rattraper ces 1 000 milles», nous confie Burton. Cette prouesse n’est pas le fruit du hasard, mais couronne une approche psychologi­que de la course. « Parfois, il faut se dire que, à l’échelle du globe, avoir plusieurs centaines de milles de retard, ce n’est pas grand-chose», philosopha­it-il, l’an dernier. C’est ce qui l’a porté, quand il a mis les gaz après ses dernières réparation­s à l’île Macquarie.

Maîtrise du sujet

Car c’est au niveau de ce bout de terre australien que tout s’est joué pour lui, contraint de réparer au calme les dommages collatérau­x causés par une panne de pilote automatiqu­e. Cet épisode lui a permis de retrouver un bateau à «presque 100%» de ses capacités et de refaire son retard dans le

Pacifique, puis l’Atlantique Sud. Cerise sur le gâteau, ses choix de route ont été excellents, comme l’explique Michel Desjoyeaux. «Dès le milieu du Pacifique, il était déjà revenu. Certes à la faveur d’un blocage météo d’une partie de la flotte, mais aussi et surtout grâce à sa maîtrise du sujet et ses trajectoir­es assez propres.»

Mais le double vainqueur de l’épreuve est impitoyabl­e avec ceux qu’il apprécie et n’oublie pas cette histoire de faux départ. « Rien que pour ça, il ne mérite pas de gagner la course!» se marret-il. «C’est pour me chambrer, sourit Burton. Je pense que, en termes de temps perdu, je dois être celui qui a le plus d’heures au compteur. Je vais me battre jusqu’au bout pour la victoire. Même un top 5, ce serait formidable.» Quand on a fait des acrobaties en haut d’un mât au milieu de nulle part, on relativise plus facilement.

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On n’est pas bien, là, perché sur un mât, en plein océan Pacifique?

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