20 Minutes (Lille)

Dans les pas d’un abonné aux lieux abandonnés

Aventure On a suivi un accro de l’exploratio­n urbaine dans une maison abandonnée

- Mikaël Libert

Hors du temps et hors la loi. Loisir encore relativeme­nt méconnu il y a quelques années, l’urbex attire aujourd’hui de plus en plus de personnes en quête d’exploratio­n et de sensations fortes. Hugo, 18 ans, nous a proposé de l’accompagne­r au cours de l’une de ses sorties illégales. «On va dans une vieille maison à la sortie du village, nous confie-t-il. Elle est abandonnée depuis plus de dix ans, mais elle est pleine, comme si les habitants étaient partis la veille.»

Pour y accéder, il faut d’abord passer sous un grillage avant d’escalader la fenêtre de la salle de bains. Certes, il n’y a pas d’effraction, la fenêtre étant ouverte, mais on n’en est pas moins dans l’illégalité. Là, effectivem­ent, tout a été laissé en l’état. Des vêtements sèchent depuis des années dans la buanderie, de la vaisselle attend d’être lavée dans l’évier, il y a même de la nourriture dans le réfrigérat­eur. «Y’a un truc qui ne va pas, tout a été retourné. Des cambrioleu­rs sont passés», regrette Hugo, déjà venu quelques mois plus tôt.

«Ça peut être dangereux»

Lui, il met un point d’honneur à ne rien dégrader, ni ne rien voler : «Tout ce que j’emporte, ce sont des photos», affirme le jeune homme. Il reconnaît pourtant que la tentation peut être forte parfois : « Je suis tombé sur de petits lingots en explorant un château dans le Sud. J’ai hésité, c’est compliqué de résister. Je les ai finalement planqués sous un lit», se souvient-il, refusant de se transforme­r en voleur. Parce que des ennuis, il en a déjà eu, dans la pratique de l’urbex : plaintes, interpella­tions, gardes à vue, agressions. «Un jour, j’ai même été menacé avec une arme par un type. Là, j’avais vraiment flippé», raconte-t-il. Dans la maison, nous poursuivon­s notre exploratio­n. Chaque pièce recèle les souvenirs de vies laissées à l’abandon et à la décrépitud­e. L’endroit a souffert au cours de la dernière décennie et le petit pavillon pourrait bien s’écrouler un jour. «Ça peut être dangereux. Il y a un an, je me suis cassé un bras en passant au travers du plancher d’un château, explique Hugo. C’est un fermier qui m’avait sorti de là après 4 h à attendre dans les débris.» Carrossier de métier, le jeune explorateu­r claque tout son salaire dans sa passion. «C’est l’essence et le matériel photo qui coûtent le plus cher, assure-t-il. Et les voyages.» Car il bouge beaucoup, toujours autour de l’urbex : Espagne, Portugal, Belgique, Luxembourg, Hongrie. Et bientôt le Japon, où il doit se rendre avec un autre passionné. Outre la photo, Hugo s’intéresse à l’histoire des lieux qu’il visite. Pour cette maison, il a mené son enquête et découvert que le couple qui vivait ici est mort. Le fils, seul héritier, est parti vivre à l’étranger et ne veut plus entendre parler de cette maison. Et en termes d’histoire, il devrait être servi dès le week-end prochain. «J’ai trouvé un château abandonné en Belgique. C’est une exclu, il n’a jamais été visité», lâchet-il, fier et mystérieux. On n’en saura pas davantage avant de rebrousser chemin, ni vu, ni connu.

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L’urbex consiste à visiter des lieux construits par l’homme et abandonnés.

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