Au Losc, finies les années folles
Football Très endetté, le club nordiste a changé de propriétaire et de président. Il s’agit à présent de se serrer la ceinture, pour assainir les finances
Il est parti sans vraiment s’expliquer, lors d’une saison qui voit le Losc (2e) briller avant de recevoir Dijon, ce dimanche (17 h). Après quasiment quatre ans à la tête de Lille, Gérard Lopez a quitté le club juste avant les fêtes. Incapable de rembourser la dette accumulée pendant sa présidence, l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois a été mis sur la touche par Elliott, le fonds d’investissement prêteur des millions d’euros. Dans la foulée, Melvyn Partners, un autre fonds d’investissement, annonçait qu’il reprenait le club et investissait 40 millions d’euros pour finir la saison. Pour gérer le club au quotidien, Olivier Létang, déjà passé par Reims, Paris et Rennes, a été nommé président. « On veut passer d’un modèle de trading très fort à un modèle plus mesuré de club de football plus classique, a-t-il annoncé. On veut rester performant sportivement mais avec un modèle différent. »
Difficile de savoir ce que vient faire Melvyn Parners à Lille, analyse Mickaël Terrien, maître de conférences en économie du sport à l’université de Lille : « Si c’est leur argent qui a été mis au pot, on peut supposer qu’ils ont intérêt à bien gérer le club. Mais il y a encore une grande opacité sur le montage financier. On peut juste espérer que ça aille mieux. En même temps, ça ne pouvait pas aller plus mal », estime l’universitaire. Comme l’a affirmé Olivier Létang, le Losc se dirigeait vers « la cessation de paiements » si Elliott n’avait pas décidé d’arrêter les frais avec Lopez. Pourtant, sous son ère, le club a été très actif sur le marché des transferts avec 73 ventes et 79 arrivées pour un solde positif estimé à 125 millions d’euros. Sauf que la totalité n’est pas allée directement dans les caisses. « Ça partait bien plus dans les commissions d’agent et dans les autres charges, comme des commissions déguisées sous des frais de scouting. Rembourser une telle dette de cette façon était impossible », poursuit Mickaël Terrien.
Miser sur la formation
Ce modèle, les nouveaux actionnaires du club n’en veulent plus. Mais pour rembourser une dette dans un contexte économique désastreux il va falloir vite se serrer la ceinture. Fini, les années folles, une grande braderie de Lille pourrait bien avoir lieu dès cet été. Une autre piste est évoquée : « Létang va remettre la formation au coeur du projet. Sous Lopez, ça a été un fiasco. Campos était OK pour recruter des top joueurs mais la formation pure et dure a été totalement délaissée. Ce n’est pas le tout d’avoir un diamant brut, il faut savoir le polir. » Reste que les ambitions pourraient être revues à la baisse avec ce modèle. Candidat au podium depuis trois ans, le Losc pourrait à l’avenir rentrer dans le rang. Raison de plus pour profiter à fond de cette saison.