Une croix sur le X
EXCLUSIF. Une plateforme d’aide aux parents sur les dangers de l’exposition des enfants à la pornographie sera lancée mardi. Les secrétaires d’Etat Cédric O et Adrien Taquet présentent le dispositif.
A l’occasion du SafeR Internet Day, qui aura lieu mardi, Cédric O, le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique, et Adrien Taquet, secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance, lancent une campagne visant à interpeller les parents sur les dangers de l’exposition des enfants à la pornographie. Une plateforme d’aide, Jeprotegemonenfant.gouv.fr, sera mise en ligne mardi.
L’exposition des jeunes à la pornographie est, selon vous, « un fléau » dans notre société…
Adrien Taquet : Aujourd’hui, plus d’un enfant sur trois a vu des contenus pornographiques avant l’âge de 12 ans, et deux tiers considèrent que ça les a choqués. Par ailleurs, seuls 7% des parents pensent que leur enfant a déjà vu du porno. Etre exposé à ce type de contenu trop jeune est une forme de violence. Cédric O : La question d’une meilleure régulation des espaces numériques est un sujet très important pour le gouvernement. La meilleure protection contre la « face noire » d’Internet, c’est la formation, l’éducation et la sensibilisation. C’est vrai pour la haine en ligne, les fausses informations et la protection des enfants. Sur ce sujet, nous avons besoin d’aider les parents en leur donnant des outils.
En quoi consiste la plateforme que vous lancez mardi ?
C’est un portail qui agrège l’ensemble des contenus d’accompagnement à l’e-parentalité. Aujourd’hui centré sur la question de la pornographie, il pourrait concerner demain d’autres contenus, comme le cyberharcèlement. Un spot de sensibilisation destiné aux parents sera diffusé dès ce lundi sur les réseaux sociaux et les principaux sites de replay, pour officiellement lancer cette plateforme.
Vous aviez tous deux élaboré, en février 2020, un protocole d’engagement contre l’exposition des mineurs à la pornographie. Où en est aujourd’hui ce dispositif ?
A.T. : Les principaux réseaux sociaux, fournisseurs d’Internet, les moteurs de recherche, les associations d’e-parentalité ont signé ce protocole. Le but était de mettre en place une solution intégrée de contrôle parental pour protéger les mineurs. Le contrôle parental est méconnu et sous-utilisé : un Français sur trois ne le connaît pas. Nous devons aujourd’hui faciliter son usage.
D’autres pistes ont été évoquées pour limiter l’accès au porno des jeunes, comme la mise en place d’un dispositif avec France Connect…
C. O : Ce ne sont pas des solutions pour résoudre le problème. Ça aurait juste reporté l’audience vers d’autres sites établis à l’étranger et encore moins contrôlés. Le défi, c’est d’être efficaces sur un sujet sur lequel personne, aujourd’hui dans le monde, n’a trouvé de solution.
En France, la loi contre les violences conjugales adoptée l’été dernier permet au CSA de bloquer des sites pornos accessibles aux mineurs. Est-elle aujourd’hui appliquée ?
C.O : Le CSA a été saisi en novembre par des associations pour enjoindre une dizaine de sites pornographiques de se mettre en conformité avec la loi. Si le CSA donnait suite à cette demande, les sites auraient quinze jours pour s’exécuter. Au terme de ce délai, le CSA pourrait saisir le président du tribunal judiciaire de Paris pour ordonner le blocage des sites.