20 Minutes (Lille)

L’exécutif étend ses idées pour que les Français dépensent

Le gouverneme­nt étudie des pistes pour inciter les Français à dépenser leurs économies réalisées pendant la crise sanitaire

- Nicolas Raffin

Les Français ayant épargné toute l’année, le gouverneme­nt se trouva fort dépourvu quand le moment de la relance fut venu. Que La Fontaine nous pardonne pour ce pastiche, il décrit une réalité : selon la Banque de France, «le surplus d’épargne financière des ménages » lié aux confinemen­ts et aux différente­s contrainte­s sanitaires « serait compris entre 100 et 120 milliards d’euros » pour l’année 2020. Or ce surplus d’argent représente un magot que le gouverneme­nt aimerait bien voir dépensé, afin de faire revenir la croissance tant attendue.

Pour enclencher ce cercle vertueux, l’exécutif refuse, pour l’instant, de recourir à une taxation de l’épargne. Fidèle à sa promesse de ne pas augmenter la fiscalité, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a expliqué lundi qu’il travaillai­t à des « incitation­s » afin d’encourager les ménages à alléger leurs comptes en banque. Est-ce suffisant ? « Je crois aux incitation­s, répond Christian de Boissieu, vice-président du Cercle des économiste­s. Il faut faire en sorte que l’épargne aille vers les entreprise­s, qui ont des besoins de long terme. Cela suppose d’avoir des produits financiers attractifs. » Le gouverneme­nt a d’ailleurs creusé cette voie en lançant en 2020 le fonds Bpifrance Entreprise­s 1, qui permet aux particulie­rs d’investir leur épargne dans des entreprise­s françaises.

Autre piste suivie par l’exécutif, selon Les Echos : un possible allégement des conditions pour les parents qui souhaitera­ient faire des donations à leurs enfants. Pour Anne-Laure Delatte, économiste et enseignant­e à Paris-Dauphine, la démarche n’est pas mauvaise. Le souci, selon elle, «c’est que tout le monde ne peut pas faire de donations». Selon une enquête de 2015 menée par l’Insee, 50 % des donations étaient réalisées par les 25% des Français les mieux dotés en patrimoine. « C’est un vrai choix de société, souligne AnneLaure Delatte. Pour ma part, je préfère que cette épargne soit distribuée aux population­s qui n’ont pas accumulé d’argent en 2020. » Une redistribu­tion qui passerait donc par une interventi­on de l’Etat. D’après l’enseignant­e, une taxation se justifiera­it d’autant plus que le surplus d’épargne accumulé en 2020 «ne correspond pas à une épargne de précaution, mais plutôt à une incapacité de consommer».

Pour Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, «si on veut que l’épargne se déverse, il faut surtout que la situation sanitaire s’améliore et qu’un certain nombre de secteurs rouvrent. Sans cela, les incitation­s n’auront que peu d’effet. » L’épargne semble donc condamnée, pour quelques mois au moins, à rester au chaud.

L’argent accumulé en 2020 «correspond à une incapacité de consommer». Anne-Laure Delatte, économiste

 ??  ??
 ??  ?? Le surplus d’épargne lié à la crise du Covid-19 dépasse 100 milliards d’euros.
Le surplus d’épargne lié à la crise du Covid-19 dépasse 100 milliards d’euros.

Newspapers in French

Newspapers from France