20 Minutes (Lille)

Dans les coulisses du traitement d’affaires de délinquanc­e

«20 Minutes» a assisté au traitement des affaires de délinquanc­e et des enquêtes policières et judiciaire­s pendant une journée

- Gilles Durand

«Franchemen­t, on ne va pas avoir le temps de faire la perquisiti­on, demain. » Au téléphone, la policière plaide le manque d’effectif de son service. Et pourtant, cette visite au domicile d’un suspect est essentiell­e pour la suite de l’enquête. A l’autre bout du fil, le vice-procureur insiste : « Vous ne pouvez pas aller frapper à l’étage au-dessus pour qu’on vous prête des agents ? »

Scène de vie quotidienn­e entre la justice et la police. Nous sommes à la permanence du parquet de Lille, là où se lancent toutes les enquêtes, du vol à l’arraché jusqu’au crime de sang. Un service qui fonctionne 24 heures sur 24. Ce jour-là, « c’est une journée calme », confie à 20 Minutes le vice-procureur Vincent Charmoilla­ux, un des six magistrats de permanence. Et pourtant, en ce début d’après-midi, six appels sont déjà en attente. « Dès qu’une personne est placée en garde à vue dans le cadre d’une affaire en flagrant délit, nous devons être prévenus, explique-t-il. Le mois dernier, on a eu une soixantain­e de garde à vue en trentesix heures, aujourd’hui, j’ai une quinzaine de cas à traiter. » Un par un, le vice-procureur va prendre les appels. Son rôle : piloter et contrôler les enquêtes de « cette délinquanc­e du quotidien» qui se mettent en place.

Violences conjugales

Le plus urgent, c’est une affaire de violences conjugales, « à la limite de la torture», déplore Vincent Charmoilla­ux. La police est intervenue dans la matinée pour porter secours à une femme réfugiée dans une pharmacie, le visage tuméfié. L’examen médical révèle une fracture du nez et du plancher orbital.

Plus d’un mois d’interrupti­on de travail. Depuis le début d’année, une grande partie du travail des policiers concerne ce genre d’affaires. « En 2020, on a connu une explosion. Il y a peut-être eu moins de décès, mais les blessures graves ont été beaucoup plus nombreuses», constate le magistrat. Le mis en cause sera envoyé, dès le lendemain matin, devant un magistrat du parquet qui lui signifiera sa comparutio­n immédiate, l’après-midi. Résultat : trois ans de prison ferme.

Vol de portable, menaces, conduite sans permis, cambriolag­e… A chaque délit, son code de procédure que le vice-procureur doit mentionner. «On connaît les codes des plus courants, à force ».

Il est bientôt 18 h, heure du transfert de permanence. Les affaires les plus graves ont donné lieu à quatre déferremen­ts, c’est-à-dire une convocatio­n devant le parquet en vue d’une sanction. Nul besoin de mener une enquête plus profonde. « Nous sommes là aussi pour aider les services de police dans leur travail. Contrairem­ent à ce qu’on entend ici et là, les relations se passent plutôt bien », glisse Vincent Charmoilla­ux.

En tout cas, pas de grincement entre parquet et forces de l’ordre, cet aprèsmidi.

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Chaque délit a son code de procédure que le vice-procureur doit mentionner.

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