20 Minutes (Lille)

L’ouverture d’une « salle de shoot » annoncée

Le prochain conseil municipal doit entériner l’implantati­on d’une salle de consommati­on à moindre risque

- Mikaël Libert

Prévenir et guérir. Il y a quelques jours, au détour d’une conférence de presse sur le protocole de déconfinem­ent, Martine Aubry, maire PS de Lille, a confirmé son intention d’implanter une salle de consommati­on à moindre risque (SCMR) dans sa ville. Plusieurs candidats à la dernière élection municipale, dont Martine Aubry, avaient inscrit dans leur programme la volonté de mettre en place ce qui est parfois appelé une « salle de shoot ». Jeudi, l’élue a confirmé qu’une « délibérati­on serait proposée au vote lors du conseil municipal », le 29 juin, et que « le lieu avait déjà été trouvé ». De manière générale, dans les villes déjà équipées en SCMR, celles-ci sont installées à proximité des centres d’accueil et d’accompagne­ment à la réduction des risques des usagers de drogues. A Lille, celui géré par La

Sauvegarde du Nord se trouve rue Jean-Jaurès, dans le quartier de Moulins. Si la mairie a refusé de préciser le futur lieu d’implantati­on, il pourrait néanmoins s’agir de l’ancienne école Saint-Exupéry, située dans le même quartier, que la ville va mettre à dispositio­n de La Sauvegarde du Nord pendant cinq ans. Une hypothèse que la ville dément néanmoins. « Ce n’est pas encore sûr, mais il est vrai que ces structures doivent se trouver au plus près des lieux de consommati­on, dans les quartiers où se trouvent les toxicomane­s », explique le professeur en addictolog­ie au CHU de Lille Olivier Cottencin. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’une SCMR est nécessaire : «La prise d’héroïne de manière non encadrée est le principal contaminan­t à l’hépatite C dans la métropole », assure-t-il. Une maladie qui peut avoir de graves conséquenc­es sur ce type de public alors qu’elle est pourtant « curable dans 98 % des cas » selon le Pr Cottencin.

« Une salle permet l’accès aux soins aux personnes très précaires. » Olivier Cottencin, CHU de Lille

« Une SCMR permet l’accès aux soins de “bas seuil”, c’est-à-dire aux personnes très précaires, à la rue et souffrant de comorbidit­és physiques », renchérit-il. Et c’est cet accès aux soins qui constitue le premier pas vers la désintoxic­ation.

Si Lille veut entrer dans le cadre de la loi d’expériment­ation, il va falloir faire vite, celle-ci se terminant en 2022. « Cela veut dire que la SCMR doit ouvrir au plus tard en septembre prochain avec une quasi-certitude de pérennisat­ion », estime l’addictolog­ue. Reste à faire passer la pilule auprès de la préfecture, du parquet et des riverains. «Il y a des chiffres objectifs dans les villes où l’expériment­ation a lieu. Cela montre que la situation ne peut pas être pire et qu’elle est souvent meilleure », affirme Olivier Cottencin.

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La mesure figurait dans le programme de plusieurs candidats à la mairie.

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