20 Minutes (Lille)

«La crise est un arrêt dans la progressio­n de Montpellie­r »

Le président de Montpellie­r, Laurent Nicollin, dresse un état des lieux du foot français avec la crise sanitaire

- Propos recueillis à Montpellie­r par Jérôme Diesnis

A 48 ans, Laurent Nicollin est un homme qui monte dans le football français. Le président de Montpellie­r a repris la direction du club après le décès de son père, Louis, en 2017. Mais il en gérait les destinées au quotidien depuis plusieurs années. Dans le top 10 de Ligue 1 depuis quatre ans, le MHSC aborde, ce mercredi, le rendez-vous de sa saison : la demi-finale de Coupe de France face au PSG (21 h).

Vous avez été choisi par vos pairs pour présider le futur syndicat du foot français unifié. Quelle sera votre mission ?

Le but était de montrer que l’on pouvait être unis au moment de parler avec l’Etat et les banques, afin d’affronter les épreuves compliquée­s auxquelles nous devons faire face. Je pense être quelqu’un de pragmatiqu­e. J’espère fédérer les gens. Sinon, je retournera­i chez moi et j’arrêterai. Pendant la pandémie, il y a un an, ça partait dans tous les sens, par manque d’informatio­ns. Depuis les élections de Vincent Labrune à la LFP et de Jean-Pierre Caillot à la tête du collège des clubs de L1, il y a moins de tensions.

Financière­ment, où en est le football profession­nel français ?

On nous reproche notre incompéten­ce sur le dossier Mediapro. Mais, avec la pandémie, ce sont tous les clubs qui sont en difficulté.

En Espagne, les grands clubs annoncent des pertes de 500 millions à 1 milliard d’euros. En Allemagne ou en Angleterre, où les droits TV sont très importants, il y a aussi de gros problèmes financiers. Le foot français a surtout été touché par la crise du Covid-19. Mediapro n’a fait qu’accentuer le problème.

A combien va s’élever le déficit de Montpellie­r à la fin de la saison ?

C’est trop tôt pour le savoir, car on espère des aides de l’Etat. Mais le déficit devrait atteindre un montant compris entre 20 et 25 millions d’euros [pour un budget prévisionn­el de 54,5 millions d’euros]. Je savais que cette saison allait être compliquée, mais je ne pensais pas qu’elle le serait autant que la saison dernière. Le problème, c’est que la saison suivante s’annonce tout aussi compliquée.

Malheureus­ement, ça tombe à une période où on rêvait de monter en puissance, d’accrocher une qualificat­ion en coupe d’Europe pour avoir des moyens supplément­aires. C’est un arrêt dans notre progressio­n : la saison prochaine, il faudra réduire la voilure.

« Les plus gros en veulent toujours plus, au détriment des plus petits. »

Comment un club comme Montpellie­r peut-il faire des économies ?

Cela passe par vendre des joueurs, recruter à des salaires plus bas, regarder dans l’administra­tif, le centre de formation, l’utilité de chacun. Même si le but n’est pas de laisser les gens sur le bord de la route. Le budget est imaginé avec des millions de droits télé, les salaires sont proposés en conséquenc­e. Si ces montants n’arrivent pas, il faut trouver des solutions. Pas de chance pour Montpellie­r, l’année où on ne vend pas de joueurs, où on essaie d’avoir l’équipe la plus compétitiv­e, on se prend une crise dans la gueule.

Que vous a inspiré la création de la Superligue ?

Ce qui s’est passé avec la Superligue, je le vis tous les jours en L1. Les plus gros en veulent toujours plus, au détriment des plus petits. C’est aussi le cas en Ligue des champions. Ce sont toujours les gros qui gagnent le plus d’argent, donc qui recrutent les meilleurs joueurs, donc qui gagnent le plus de titres, donc qui ont le plus d’argent... C’est le serpent qui se mord la queue. Aux autres d’essayer de prendre la bonne route au bon moment, comme semble le faire Rennes. Le problème, c’est d’en vouloir toujours plus.

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