Mutation de stratégie de dépistage
Il fait beau, il fait chaud, et la campagne de vaccination anti-Covid-19 s’est ouverte aux adolescents mardi. Mais pas question de relâcher la pression face au SARS-CoV-2 et ses variants – toujours plus contagieux –, qui apparaissent au fil des mois. Pour éviter les trous dans la raquette, la stratégie française de dépistage change. Désormais, ce ne sont plus les variants qui seront recherchés en cas de test PCR positif au virus. « Le criblage évolue vers la recherche des mutations d’intérêt, explique l’agence sanitaire. Les mutations [baptisées] E484K, E484Q et L452R ont été sélectionnées, car elles sont associées à une possible augmentation de transmissibilité ou à un possible échappement immunitaire. » En clair, il s’agit de mutations pouvant donner naissance à des souches plus contagieuses et plus résistantes aux vaccins.
Modifier la prise en charge
Avec ce changement de stratégie, « il s’agit de suivre l’évolution des mutations du virus sur le territoire français », explique Lionel Barrand, président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux. Mais, ensuite, quels peuvent être les effets d’une stratégie de dépistage plus fine ? Outil fondamental de la surveillance épidémiologique, le diptyque criblage et séquençage peut renforcer la stratégie de lutte contre la propagation du virus. « À condition que la prise en charge soit modifiée, poursuit le Dr Barrand. Quand il y a une mutation que l’on veut absolument éviter de voir se propager, parce qu’il y a un danger sérieux de contagiosité et d’échappement vaccinal accru, il faut, pour les personnes testées positives à cette mutation, organiser une stratégie d’isolement plus drastique. Or, pour l’instant, il n’y a pas de stratégie réellement cadrée sur cette question. »
« Si l’on met au jour un cluster qui se développe de façon importante, on va chercher autour du patient identifié tous ceux qui vont présenter cette mutation caractéristique », rassure François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes. Un traçage qui, malgré l’amélioration de la situation sanitaire en France, reste déterminant, notamment à la veille des vacances d’été. « En identifiant de nouvelles apparitions de mutations, on peut agir en concentrant la vaccination sur les populations proches des clusters », rappelle le médecin biologiste.