Dans l’Hexagone, on ne reste plus sur sa F1
Les Français se repassionnent pour la Formule 1, qui pose ses motorhomes sur le circuit du Castellet, ce week-end
Montez le son et rendezvous au premier virage. »Ils étaient 1,9 million téléspectateurs à entendre Julien Fébreau, le commentateur de la F1 sur Canal+, lancer la saison au Grand Prix de Bahreïn, le 28 mars. « C’est un record historique », se réjouit le journaliste, qu’on retrouvera tout le week-end à l’occasion de l’étape française, au Castellet (Var). Un regain d’intérêt pour la Formule 1 que les équipes de la chaîne cryptée constatent depuis trois ans. Les audiences ont ainsi augmenté de 27 % entre 2019 et 2020, et chaque course attire au moins 1 million de spectateurs, quand certains matchs de Ligue 1, en football, en sont loin.
« On est une équipe de passionnés et ça se ressent, détaille Julien Fébreau. On a accès à un univers phénoménal, et on emmène les téléspectateurs avec nous. » Directeur de la communication du Grand Prix de France, Pierre Guyonnet constate aussi ce renouveau après des années moroses : « Avec la disparition du GP de France pendant dix ans, on a perdu toute la génération Z. Le passage sur Canal+ a été très positif, c’est un média qui a l’une des plus belles façons de traiter la Formule 1 de l’éditorialiser et de la suivre. »
Netflix, et sa série Drive to Survive,a également permis d’intéresser les plus jeunes. « On ne rentre pas dans un monde hermétique, très technique, commente Géraldine Mosna-Savoye, chroniqueuse pour “Carnet de Philo”, sur France Culture. C’est plus une comédie humaine, avec des enjeux de pouvoir, de rivalité. Je ne m’intéressais pas du tout à la F1, maintenant je suis fasciné, parce que je sais qui est dans la voiture, je connais les enjeux. »
Un effet Pierre Gasly, aussi
Une de leurs grandes forces est aussi d’avoir su apporter de l’enjeu et des histoires là où le téléspectateur en voyait moins : le championnat constructeur et le combat entre les pilotes de plus petites écuries. Une histoire dont Pierre Gasly, vainqueur en Italie en 2020, vingt-quatre ans après le dernier succès d’un Français en F1, et 3e en Azerbaïdjan début juin, a écrit quelques chapitres. « Cette victoire a fait résonner et mis en avant la Formule 1, estime Pierre Guyonnet. La présence d’Esteban Ocon chez Alpine Racing, une écurie française, y contribue aussi. »
Dans les tribunes du Castellet, 15 000 spectateurs regarderont de près les performances des deux pilotes tricolores. « On avait vendu toutes les places dès décembre, malgré l’incertitude [liée au Covid-19], ajoute le directeur de la communication. Le changement de date, du 27 au 20 juin, a entraîné environ 20 % d’annulation. Mais tout est reparti très vite lorsque nous avons recommercialisé les places. »