Cent millions pour mettre le vélo sur de bonnes voies
La métropole veut financer des aménagements cyclables sur la voirie et développer les voies vertes
Une grosse dot pour la petite reine. Lundi, la métropole européenne de Lille (MEL) a voté une délibération prévoyant 100 millions d’euros pour développer la pratique du vélo sur son territoire. Le président de l’institution, Damien Castelain, promet que la totalité de l’argent sera convertie en aménagements des infrastructures. Mettre un grand coup de pédale pour favoriser le vélo dans la MEL, c’est un serpent de mer qui sort régulièrement la tête de l’eau.
Le plan de déplacements urbains adopté en 2011 par Lille métropole, l’ancêtre de la MEL, avait déjà prévu d’atteindre, en 2020, une part modale du vélo de 10 %. Pour y parvenir, une étude avait été commandée en 2012 et les résultats avaient été livrés deux ans plus tard. Les actions à mener étaient les mêmes que celles encore mises en avant aujourd’hui : aménager le réseau, accroître l’offre de stationnement et diversifier les services. Sept ans plus tard, la MEL reconnaît que « la part du vélo dans les déplacements reste encore modeste », estimée à « environ 1,5 % de part modale ». Loin, très loin de l’objectif des 10 %.
En 2015, l’association droit au vélo (Adav) déplorait un budget vélo d’un million par an. « On était à 30 millions sur le dernier mandat, et là, on triple le budget », reconnaît Yannick Paillard, son président. Sur les 100 millions d’euros, « 75 seront dédiés aux aménagements cyclables sur la voirie et 25 seront affectés au développement de voies vertes et véloroutes », assure la MEL. Soit, en moyenne, 20 millions par an quand, en 2021, le budget pour les mêmes investissements était de 14 millions. En décembre, l’institution dévoilera la cartographie du futur réseau cyclable métropolitain.
« C’est une question de courage politique. » Jérémie Crépel, ex-élu EELV de la MEL
Pour Jérémie Crépel, ancien élu métropolitain EELV, il faudrait constituer un réseau cyclable rapide à l’abri des voitures. « C’est une question de courage politique, car il s’agit de rééquilibrer l’espace public entre voiture et vélo. C’est-à-dire prendre sur la chaussée ou le stationnement pour favoriser le vélo », souligne-t-il. Pour l’Adav, si les pistes cyclables séparées sont « l’idéal », il faut cependant rester pragmatique. « C’est la logique d’itinéraires qu’il faut privilégier. Mais, on peut très bien moduler les aménagements entre pistes séparées, bandes cyclables et apaisement de la circulation automobile », explique Yannick Paillard. Tous deux admettent que cette mesure « va dans le bon sens », tout en ajoutant que ce budget risque d’être un peu court. « De plus en plus de personnes se mettent au vélo, mais elles veulent se sentir en sécurité. Il faut régler les nombreux points durs qui subsistent en impliquant les communes notamment », insiste le président de l’Adav.