« Betty », « Derby Girl »... Les filles sur la voie de l’émancipation grâce aux sports à roulettes
Pourquoi les skateuses de Betty et les joueuses de Derby Girl trouvent-elles bien-être et émancipation grâce aux sports à roulettes ?
Deux bandes de filles de la génération Z qui n’entendent pas être la cinquième roue du carrosse ! D’un côté, Derby Girl, disponible sur France TV Slash, suit une clique de badass, les Cannibals Licornes, une équipe de roller derby, sport de contact majoritairement féminin se pratiquant juché sur des patins à roulettes. De l’autre, Betty, dont la saison 2 est diffusée sur OCS, met en scène un groupe de skateuses, bien décidées à s’affranchir du sexisme des skateparks. Deux odes à la liberté et au féminisme.
Le roller derby, « c’est une partie d’échecs sur rollers en se faisant des tampons », résume Nikola Lange, créateur de Derby Girl. Dans cette série, Lola Bouvier, star déchue du patinage artistique, décide pour regonfler son ego démesuré de devenir « la plus
grande championne de roller derby de tous les temps ». Cette fille à papa, qui a grandi moulée dans des justaucorps à paillettes, va, au contact de ses partenaires menées par la dure à cuire Acid Cyprine, découvrir qu’elle n’est pas obligée de correspondre aux normes associées à son genre et reprend confiance en elle. « L’idée était de mettre une princesse dans un truc hyper brut de décoffrage avec des nanas qui parlent de tout sans complexe », commente le scénariste. Spin-off du film Skate Kitchen de Crystal Moselle, Betty, c’est aussi le surnom péjoratif donné aux jeunes filles qui osent ne seraitce que s’approcher d’un parc de skateboard, territoire encore trop souvent considéré comme réservé aux initiés masculins. « Il y a toujours beaucoup plus d’hommes qui pratiquent le skate que de femmes », regrette Manon Lanza, autrice du Skate vu par une passionnée (Michel Lafon) et cofondatrice d’Allons Rider, un site consacré à la glisse féminine « parce que les filles dans les sports de glisse ne sont pas juste une paire de fesses sur papier glacé ». Comme dans la série Betty, « il y a énormément de crews de nanas qui se créent dans le skate, se réjouit-elle. Les femmes ressentent le besoin d’être à plusieurs parce que, si elles viennent seules, c’est plus difficile de trouver leur place. » À l’instar du roller derby, ces communautés bienveillantes sont porteuses d’un esprit de sororité. « Être une femme dans le skate reste difficile. On a tendance à penser qu’une nana qui ride ne peut pas être performante. C’est agaçant. On nous attend au tournant quand on arrive dans un skatepark où il y a vraiment du niveau », détaille Manon Lanza. Pour certaines rideuses, le skate « a un côté un peu rebelle » qui permet d’aller « à l’encontre des diktats et des stéréotypes ». « Je trouve cela trop beau de voir toutes ces nanas qui se rassemblent pour skater, pour contrer les stéréotypes et se dire on est là, et on a le droit de faire ce qui nous fait vibrer et on s’en fiche de ce que les autres vont penser », jubile-t-elle.
« Les filles ne sont pas juste une paire de fesses sur papier glacé. » Manon Lanza