Séries Mania invite Aubenas
Grande reportrice au Monde, Florence Aubenas pose son regard là où il n’y a apparemment rien à voir. L’autrice a par exemple écrit sur les femmes de ménage des ferrys assurant la liaison entre Caen-Ouistreham et Portsmouth dans Le Quai de Ouistreham, et sur des femmes qui se battent pour sauver leur usine dans En France (éditions de l’Olivier, respectivement 2010 et 2014). Jusqu’à jeudi à Lille, elle va poser ce regard aiguisé sur ce qui, par essence, est fait pour être vu, une sélection de huit séries issues du monde entier. La journaliste préside le jury de la compétition Panorama International de Séries
Mania. « J’étais hyper fière qu’on me le propose ! C’est une ouverture d’horizons incroyable », se réjouit-elle.
« C’est un art jeune »
Elle n’a pourtant jamais caressé une carrière de critique de séries, un des rares exercices journalistiques qui ne la tentent pas. « Je ne lis pas de critiques, ni en cinéma, ni en séries, ni en littérature. Je ne me considère pas du tout comme une sériephile, mais ce qui me passionne dans ce milieu, c’est qu’il est en pleine construction. C’est un art jeune », raconte la reportrice, qui regarde des séries « dans son lit, un ordinateur sur le ventre ».
Le festival international des séries ne s’est pas trompé en la choisissant. Les liens entre réel et fiction, le monde des séries et celui de la presse sont de plus en plus étroits. Dr Death, sélectionnée dans la section Panorama et qui démarre le 12 septembre sur Starzplay, s’inspire de l’histoire vraie de Christopher Duntsch, un neurochirurgien texan reconnu coupable pour fautes professionnelles graves ayant entraîné la mort de plusieurs patients, à partir d’un podcast et du travail d’enquête de la reportrice américaine Laura Beil.
« Aujourd’hui, il y a un va-et-vient entre fiction et réalité, observe Florence Aubenas. Je trouve très intéressantes les passerelles qui sont en train de se créer entre ces différents mondes et ces différentes façons de travailler. »