Des effets indésirables sur le long terme avec l’ARN messager ?
D’éventuels effets indésirables à long terme des sérums contre le Covid-19 sont très peu probables à l’aune des connaissances scientifiques actuelles
Chez les opposants à la vaccination anti-Covid-19, une crainte revient souvent : des effets indésirables graves pourraient être découverts des années après la mise au point des vaccins à ARN messager. Alors, risque avéré ou défiance infondée ? Tout d’abord, il est vrai que les vaccins à ARN messager peuvent provoquer des effets indésirables, parfois graves. Selon l’Agence de sécurité du médicament, il y a eu en France 71 cas de myocardites et 124 de péricardites liées après des injections de Pfizer et Moderna. Par ailleurs, 787 Français ont développé une hypertension après la vaccination. Le tout sur 50 millions de doses injectées.
Précision : les effets indésirables surviennent rapidement. « Le choc anaphylactique, c’est dans les quinze premières minutes et, pour les myocardites, dans les quatorze jours », précise Sandrine Sarrazin, chercheuse en immunologie à l’Inserm. Un délai qui colle avec ce qu’on connaît des autres vaccins. Si plusieurs pseudo-scandales ont été démentis (non, le vaccin ROR ne favorise pas l’autisme), des études ont confirmé des liens entre certains vaccins et certaines maladies. Comment différencier causalité et coïncidence ?
« Un suivi de chaque effet indésirable »
« Pour établir si un événement est lié au vaccin ou pas, on regarde les statistiques de survenue de cette maladie parmi la population vaccinée et non vaccinée, reprend la chercheuse. Pour aller plus loin, il faut faire des essais cliniques spécifiques et donc avoir un suivi de chaque effet indésirable. » Ce qui a été fait pour Pandemrix, un vaccin contre la grippe H1N1,
soupçonné de provoquer une narcolepsie. Les données montrent que la pathologie arrive toujours avant quarante-deux jours. « Tous les effets indésirables des vaccins surgissent dans les deux mois après l’injection, insiste Mathieu Molimard, pharmacologue au CHU de Bordeaux. Ce qui ne veut pas dire qu’on les a identifiés dans ce délai. Par exemple, pour faire un diagnostic de narcolepsie, il faut des examens poussés. C’est trois mois de délai. » Enfin, l’« avantage », avec cette pandémie, c’est que les données sont pléthoriques. Avec des milliards de personnes vaccinées et huit mois de recul, il y a peu de risques que des signaux soient passés sous les radars. « On est assurés d’être exhaustifs sur les effets indésirables, explique Odile Launay, infectiologue et membre du comité vaccin Covid-19. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à surveiller ! »