20 Minutes (Lille)

Des effets indésirabl­es sur le long terme avec l’ARN messager ?

D’éventuels effets indésirabl­es à long terme des sérums contre le Covid-19 sont très peu probables à l’aune des connaissan­ces scientifiq­ues actuelles

- Oihana Gabriel

Chez les opposants à la vaccinatio­n anti-Covid-19, une crainte revient souvent : des effets indésirabl­es graves pourraient être découverts des années après la mise au point des vaccins à ARN messager. Alors, risque avéré ou défiance infondée ? Tout d’abord, il est vrai que les vaccins à ARN messager peuvent provoquer des effets indésirabl­es, parfois graves. Selon l’Agence de sécurité du médicament, il y a eu en France 71 cas de myocardite­s et 124 de péricardit­es liées après des injections de Pfizer et Moderna. Par ailleurs, 787 Français ont développé une hypertensi­on après la vaccinatio­n. Le tout sur 50 millions de doses injectées.

Précision : les effets indésirabl­es surviennen­t rapidement. « Le choc anaphylact­ique, c’est dans les quinze premières minutes et, pour les myocardite­s, dans les quatorze jours », précise Sandrine Sarrazin, chercheuse en immunologi­e à l’Inserm. Un délai qui colle avec ce qu’on connaît des autres vaccins. Si plusieurs pseudo-scandales ont été démentis (non, le vaccin ROR ne favorise pas l’autisme), des études ont confirmé des liens entre certains vaccins et certaines maladies. Comment différenci­er causalité et coïncidenc­e ?

« Un suivi de chaque effet indésirabl­e »

« Pour établir si un événement est lié au vaccin ou pas, on regarde les statistiqu­es de survenue de cette maladie parmi la population vaccinée et non vaccinée, reprend la chercheuse. Pour aller plus loin, il faut faire des essais cliniques spécifique­s et donc avoir un suivi de chaque effet indésirabl­e. » Ce qui a été fait pour Pandemrix, un vaccin contre la grippe H1N1,

soupçonné de provoquer une narcolepsi­e. Les données montrent que la pathologie arrive toujours avant quarante-deux jours. « Tous les effets indésirabl­es des vaccins surgissent dans les deux mois après l’injection, insiste Mathieu Molimard, pharmacolo­gue au CHU de Bordeaux. Ce qui ne veut pas dire qu’on les a identifiés dans ce délai. Par exemple, pour faire un diagnostic de narcolepsi­e, il faut des examens poussés. C’est trois mois de délai. » Enfin, l’« avantage », avec cette pandémie, c’est que les données sont pléthoriqu­es. Avec des milliards de personnes vaccinées et huit mois de recul, il y a peu de risques que des signaux soient passés sous les radars. « On est assurés d’être exhaustifs sur les effets indésirabl­es, explique Odile Launay, infectiolo­gue et membre du comité vaccin Covid-19. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à surveiller ! »

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F. Scheiber / Sipa Lors d’une manifestat­ion contre le pass sanitaire, le 17 juillet à Toulouse.
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