20 Minutes (Lille)

Un rendez-vous royal

- (à suivre)

C’est en montant le somptueux escalier de la cour d’honneur du palais, orné de marbre noir veiné d’or, que le Prince ressentit une grande lassitude.

C’était la première fois qu’il éprouvait ce sentiment diffus de ne pas être à sa place. À deux pas, dans la galerie aux fresques immémorial­es, se tenaient les appartemen­ts privés où il aimait se reposer, mais ses fonctions princières l’en détournaie­nt la plupart du temps, et il se retrouvait devant ses ancêtres, nez à nez avec leurs bustes de marbre.

Cette histoire, il ne la sentait plus. Les visages sculptés des membres de sa famille, son père, son grand-père, tous ceux qui avaient oeuvré à la prospérité du Royaume avec autorité le laissaient indifféren­t. Pourtant, le souvenir de leurs actions l’avait toujours rempli d’importance, le Prince aimant se sentir plus que jamais dépositair­e de responsabi­lités et de l’avenir du Royaume. Mais le contexte n’était plus à l’autosatisf­action. L’ampleur des manoeuvres de Patros et de sa clique d’avocats - qui sortaient les juges de la torpeur où les usages du Royaume les avaient confinés - la maladie de Chestov, qui s’aggravait, toute cette agitation le gênait et l’empêchait d’être Prince comme il en avait l’habitude. L’unique certitude à laquelle il essayait de se raccrocher était qu’il n’était pas question, à quelques mois de la date anniversai­re du Royaume, de renoncer à son rôle de monarque. Que sa légitimité soit remise en cause ne l’empêcherai­t pas de chanter « joyeux anniversai­re » avec ses sujets. Après, qui sait, peut-être que le Prince prendrait certaines décisions inattendue­s.

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