Handicap des femmes et emploi : des progrès ?
La semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) se tient du 14 au 20 novembre. Un enjeu toujours d’actualité, notamment pour les femmes
Du 14 au 20 novembre se déroule la 26ème édition de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) avec pour thème « à quand le plein emploi ? ». Un événement placé sous le
haut patronage du président de la République et organisé par LADAPT avec l’Agefiph et le FIPHFP. L’objectif de cettesemaine?Favoriserlesrencontres entre entreprises, personnalités politiques, associations, société civile et personnes demandeuses d’emploi en situation de handicap. C’est aussi l’occasiondes’informer,des’interrogersur les dispositifs existants... et de trouver un emploi. Car si le taux de chômage baisse pour la population générale, il est deux fois plus élevé pour les personnes en situation de handicap (14 % contre 8 %). D’après un sondage IFOP pour LADAPT publié en février 2022, 37 % de ce public déclare avoir subi une discrimination lors de sa recherche
d’emploi contre 16 % pour l’ensemble de la population. Pourtant, une fois en poste, 76 % des personnes en situation de handicap se disent “satisfaits de leur activité” et 77 % “motivés”.
Les femmes précarisées
L’insertion professionnelle est encore plus compliquée pour les femmes. Dotées d’un faible niveau global de qualification, elles sont surreprésentées dans les emplois précaires et les bas salaires : 47 % d’entre elles travaillent à temps partiel contre 16 % des hommes ensituationdehandicapet31%del’ensemble des femmes. L’accès à une scolarisation classique et aux études supérieures relève souvent du parcours du combattant. Margaux Gambier, 25 ans, peut en témoigner. Elle est atteinte d’une maladie génétique neurodégénérative et se déplace en fauteuil roulant électrique. Après une classe préparatoire en biologie, elle vient de terminersesétudesd’ingénieur.Durant toute cette période, ses recherches de stages ont été délicates. « On doit approcher davantage d’entreprises car le handicap fait peur », reconnaît la jeune femme. Son quotidien est aussi plus lourd à gérer. Le moindre de ses déplacements nécessite des démarches administratives. « Quand je cherche une
entreprise, je dois regarder comment me rendre sur place, demander un taxi adapté ou la pose d’une rampe, remplir un dossier autant de fois que je prends le RER, veiller à ce que les horaires de l’entreprise coïncident avec
ceux de mes auxiliaires de vie », explique Margaux.
En 2018, LADAPT avait consacré sa Semaine européenne pour l’emploi
des personnes handicapées à l’accès
à l’emploi des femmes handicapées. Quatre ans plus tard, la nouvelle enquête commandée à l’IFOP par LADAPT confirme que la situation a peu évolué. En effet, 63% des femmes en situationdehandicapestimentqu’ilaété difficile pour elles d’accéder à un emploi contre 45% pour l’ensemble des femmes, 46% pour les hommes en situation de handicap et 43% pour l’ensemble des hommes.
Les femmes sont pénalisées par leurs problèmes de santé, les congés familiaux, des changements au niveau du marché du travail. Et leur évolution
professionnelle est complexe. « On a beaubiens’habiller,semaquiller,onest souvent infantilisée avec le handicap. C’est dur de se sentir femme et j’imagine que ça n’aide pas à accéder à des postes à responsabilités », confie Margaux Gambier. Elle-même a connu la discrimination, mais elle est confiante pour sa recherche d’emploi. « Quand une société nous accepte, ça se passe souvent très bien après », conclut-elle.