Environnement Le réensauvagement, c’est maintenant
Afin que l’état sauvage soit préservé, des associations acquièrent des forêts, avant de les laisser en libre évolution
Apparu aux États-Unis dans les années 1990, le concept de réensauvagement, qui veut rendre sa liberté à la nature, trouve un écho favorable, en France, à l’heure du dérèglement climatique et des menaces qui pèsent sur la biodiversité. Notre territoire possède des aires protégées pour la faune et la flore, comme les réserves naturelles ou les parcs nationaux, mais il est en retard, puisque ces zones ne couvrent que 1,8 % de sa surface. Loin de l’objectif de 10 % d’aires sous protection forte que s’est fixé l’exécutif pour 2030.
L’activité humaine interdite
Face à la frilosité des pouvoirs publics, les initiatives se multiplient pour permettre à la nature de reprendre ses droits. Depuis une dizaine d’années, l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) acquiert des terrains pour les transformer en réserves de vie sauvage. « Ce sont des zones en libre évolution où toute activité humaine est interdite », précise Clément Roche, responsable du pôle milieux naturels à l’Aspas. Concrètement, la chasse, la pêche, la cueillette et les engins motorisés sont prohibés dans ces zones qui se veulent des îlots de quiétude pour les non-humains. La coupe et l’exploitation du bois aussi. «Nous laissons le bois mort pourrir pour favoriser la biodiversité », souligne Clément Roche. Basée dans la Drôme, l’Aspas gère aujourd’hui quatre forêts sur plus de 1 200 hectares, dont la dernière et la plus grande se situe en plein coeur du Vercors.
Dans les Côtes-d’Armor, sur la commune de Plouëc-du-Trieux, Wild Bretagne lorgne une forêt privée de 18000 m². Le but de l’association n’est pas de « mettre la nature sous cloche, assure Alexandre Patureau, fondateur de l’association. L’homme devra se faire discret et respecter les chemins balisés.» Autant de règles qui ont déjà permis à la nature de reprendre ses droits. « Dans la réserve du Grand Barry, on a vu des espèces qui avaient disparu revenir, comme la loutre, assure Clément Roche. On constate aussi que les oiseaux préfèrent nos plans d’eau aux plans d’eau voisins. » Une vie plus belle, en somme.
« Un espace de liberté »
Décédé en avril, Jacques Perrin avait pris fait et cause pour ces réserves de vie sauvage, dont il était le parrain. « Chaque fois que nous avons su offrir à la nature un espace de liberté, elle s’est de nouveau épanouie dans toute son exubérance et sa diversité », affirmait le réalisateur.