20 Minutes (Lille)

« Je n’avais jamais vécu une telle lutte »

Vainqueur d’une Route du rhum très disputée, Thomas Ruyant sur « LinkedOut », voilier dont « 20 Minutes » est partenaire, nous raconte sa transatlan­tique effrénée

- Propos recueillis par Frédéric Brenon, à Nantes

De son propre aveu, il a coupé la ligne d’arrivée en tête après être « allé au bout » de lui-même. Un an après sa victoire lors de la Transat Jacques-Vabre (entre Le Havre et Fortde-France), Thomas Ruyant est encore monté d’un cran en remportant, lundi, la Route du rhum (de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre), en catégorie Imoca, sur son voilier LinkedOut, dont 20 Minutes est partenaire. Le Nordiste, qui réside en Bretagne, a bouclé l’épreuve en onze jours, dix-sept heures et vingtsix minutes, battant le record de François Gabart, qui datait de 2014.

Comment vous sentez-vous au lendemain de ce finish éprouvant ?

Je me sens encore un peu sur l’eau, sous le coup de l’émotion, l’adrénaline ne redescend pas facilement. Entre les sollicitat­ions et la fête, j’ai à peine pris le temps de dormir. Mais c’est pas grave, ce sont des moments magiques, on n’a pas trop envie que ça s’arrête.

La course a été particuliè­rement disputée et soutenue cette année…

Dès le coup de canon, il y a eu une intensité assez dingue et, sur les trois derniers jours, le niveau s’est encore élevé. [Quand] J’ai rattrapé Charlie [Dalin], j’ai compris qu’il ne lâcherait rien. Je n’avais jamais vécu une telle lutte. On a chacun été puiser très loin dans nos ressources. Physiqueme­nt, je suis cramé.

Parlez-nous de cette fatigue justement. Vous dites n’avoir pas dormi pendant plus de trente-six heures…

J’ai eu la chance de ne pas ressentir de douleurs pendant la course, mais, juste après avoir coupé la ligne, j’ai dû m’allonger : j’avais mal partout ! Sur les dernières heures de course, je me suis surpris à m’endormir debout, je suis presque tombé dans mon cockpit.

Remporter la Route du rhum, qui est un monument, ça fait quoi ?

Cette course, c’est un peu nos JO à nous, tous les quatre ans, comme le Vendée Globe. Il y avait, en plus, un plateau incroyable cette année, [avec] beaucoup de bateaux récents.

Battre le record de vitesse, c’est important ou anecdotiqu­e ?

L’essentiel était d’arriver devant les autres. Ce record veut dire que les bateaux ont progressé, que les marins mettent beaucoup d’engagement, que les conditions météo étaient bonnes

aussi. Je pense qu’on peut aller plus vite encore. On peut atteindre dix jours. Le record retombera, c’est sûr.

Réalisez-vous que vous venez de faire le doublé (Vabre et Rhum) en Atlantique?

C’était l’objectif collectif. Les marins sont la face visible, mais il y a toute une équipe derrière. Ma plus grosse fierté, c’est de les voir heureux à l’arrivée. On a mis du temps à fiabiliser le bateau, on a connu des galères. Aujourd’hui, j’ai pu naviguer pied au plancher en toute confiance.

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TR Racing Le navigateur a battu le précédent record de la traversée, qui datait de 2014.
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