Fillon et Juppé jouent leur dernière carte ce soir
Les deux finalistes s’affrontent ce soir dans un dernier débat, avant l’élection, dimanche
Un dernier match. A trois jours du dénouement de la primaire de la droite et du centre, François Fillon (44,1 % au premier tour) et Alain Juppé (28,6 %) s’affrontent, ce jeudi soir, lors d’un débat télévisé très attendu. Ce face-à-face peut-il changer la donne? Si, du côté du favori, on aborde ce débat « comme les précédents », dans l’entourage d’Alain Juppé, on estime qu’il sera « crucial » car scruté par « 5 millions de personnes. C’est là que ça se passera. » Les deux adversaires d’aujourd’hui étaient, il n’y a pas si loingtemps (en mars 2015), « des amis de longue date qui ne se sont jamais véritablement disputés », dixit Alain Juppé. Leurs échanges risquent d’être moins amicaux sur le plateau. « Juppé ne peut pas se permettre de rester passif », prédit Christian Delporte, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Dans la position du challenger, donné perdant dans les sondages, « il est obligé d’aller à l’assaut ». « Ça va être un vrai débat, un duel, et c’est d’autant plus intéressant que c’est le dernier combat pour Juppé qui va lancer ses dernières armes dans la bataille », juge Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l’université Panthéon-Assas.
Un essai à transformer
A l’instar du débat entre Martine Aubry et François Hollande lors de la primaire socialiste de 2011, les deux rivaux devraient insister sur leurs différences. « Juppé pourrait rendre compte du bilan de Sarkozy, rappeler que, lorsqu’il était à Matignon, il a désarmé la police », estime Arnaud Mercier. Il devrait donc y avoir du sport. Mais « c’est encore plus compliqué d’être le challenger dans le cadre d’une primaire, car il faut éviter de paraître agressif ou de trop diviser son propre camp », prévient Christian Delporte. « Il y a une forte volatilité des électeurs dans une primaire, cela se joue beaucoup sur la personnalité », observe Arnaud Mercier. Or, « ce débat va mettre au grand jour la personnalité et le programme de Fillon, qui était jusqu’alors passé sous le radar médiatique ». Cette « discrétion » lui avait plutôt réussi. Ce jeudi, il pourrait convaincre de nouveaux électeurs… ou en perdre. Même si les sondages n’avaient pas prévu son score au premier tour, « dans l’absolu, on peut tout de même dire que le match est plié », glisse Arnaud Mercier. « On n’a pas de références en matière de débat d’entre-deux-tours d’une primaire à droite », avance prudemment Christian Delporte. Toutefois, « rattraper un tel retard en une semaine, ce serait du jamais-vu », estime-t-il.
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