Les retours du djihad
Environ 200 partisans de Daesh seraient déjà rentrés
Terroristes, repentis ou surtout découragés par les conditions de vie, environ deux cents Français ont quitté l’Irak et la Syrie pour l’Hexagone.
«Ils étaient partis faire le djihad, ils sont de retour en France. » Le sous-titre du livre Les Revenants (Ed. Seuil) de David Thomson, qui paraît ce jeudi, sonne comme une menace et un défi majeur pour l’Etat français, en matière de lutte antiterroriste. Certains de ces « revenants » passent effectivement à l’acte sur le sol français, à l’image, par exemple, de plusieurs membres du commando du 13-Novembre. D’après le ministère de l’Intérieur, environ 200 djihadistes seraient déjà revenus, dont une vingtaine de femmes. Un chiffre appelé à grossir dans les mois qui viennent, compte tenu des défaites de l’organisation de l’Etat islamique (EI). La stratégie de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) consiste à les interpeller à leur arrivée, les placer en garde à vue et, souvent, les mettre en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Ils attendent ensuite leur jugement en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire.
En zone irako-syrienne, les djihadistes désireux de rentrer doivent obtenir une autorisation de sortie du territoire sous un prétexte crédible ou s’enfuir, l’EI n’autorisant plus ses résidents à partir. Certains prennent contact avec les autorités turques ou françaises avant de se lancer dans le périple du retour ou sont interceptés par les policiers turcs et expulsés vers la France. Tous savent ce qui les attend très souvent : la prison. Ces retours ne constituent pas pour autant une prise de distance avec le djihadisme.
Si certains se disent déçus par l’« expérience Daesh », cela ne signifie pas qu’ils soient repentis. Pour Romain Caillet, auteur du blog Jihadologie, « trois catégories de personnes reviennent : une minorité qui rentre avec des projets terroristes, une autre qui éprouve un dégoût pour l’idéologie djihadiste, et une majorité qui revient parce qu’elle ne supporte plus les conditions de vie sur place, ou bien le cadre strict de l’EI. » Certaines compagnes de djihadistes préfèrent ainsi rentrer pour accoucher en France. « J’avais peur. Niveau hygiène, c’est loin d’être la France », témoigne une « revenante ». De même, la perte de territoire en Syrie tend les relations avec la population. « Quand l’EI tombera à Raqqa, ça risque de très mal finir pour les combattants étrangers. Récemment, des habitants ont ébouillanté une enfant parce que c’était la fille d’un étranger. Certains préféreront affronter la prison en France. » Le risque, avec ces « revenants » déçus de l’organisation de l’EI, mais pas du djihadisme, est qu’ils soient « réactivés » au contact de détenus radicalisés, souligne Romain Caillet. Actuellement, environ 350 malfaiteurs terroristes, dont une trentaine de femmes et une vingtaine de mineurs, se trouvent dans les prisons françaises.
Le risque est qu’ils soient réactivés au contact de détenus radicalisés.