Les conditions de travail chez Primark posent question
De nombreux salariés dénoncent les conditions de travail
Elle dit avoir « vécu l’enfer ». Le dossier de Sophie Duray, ancienne salariée de la boutique Primark La Valette (Var), est désormais devant les Prud’hommes. Un cas isolé ? Pas vraiment si l’on en croit une enquête menée par le magazine Boutique2Mode en juillet. « 74% de nos salariés sont fiers de travailler chez Primark », affirme la marque. Mais dans les allées de la boutique de la Part-Dieu à Lyon, les avis sont divisés. « Je ne conseille à personne d’aller travailler là-bas », lâche Estelle, 22 ans, vendeuse d’octobre 2015 à mars 2016. La jeune fille en a perdu le sommeil. Huit mois après, le traumatisme est encore là. « Je fais des insomnies ou n’arrive plus à dormir plus de quatre heures », confie-t-elle. Arrêtée deux semaines pour anxiété, elle a fini par jeter l’éponge : « Il fallait toujours aller le plus vite possible. » Et pas question de faire la moindre remarque. « Sinon, on était dans le collimateur de nos superviseurs. »
« Comme du bétail »
« Ils nous tapaient sans arrêt dans le dos pour nous dire d’aller encore plus vite comme si on était du bétail », témoigne Aymeric, 21 ans, marqué par « le ton méprisant » de ses supérieurs. « Ils disaient devant la clientèle : “Je vais t’en coller une, tu vas tomber par terre.” » « Certains managers sont à l’écoute et compréhensifs. D’autres vont jusqu’à faire pleurer les vendeurs », raconte Annabelle, ayant assisté à ce genre de scène. « On a tout vu là-bas, poursuit Estelle. Il nous est arrivé de mettre des habits moisis en rayon ou de devoir nettoyer les cabines lorsque les clients déféquaient sur place ou laissaient leurs vêtements sales pour partir avec ceux du magasin. » Béatrice, atteinte de sclérose en plaque, devait rester huit heures debout derrière sa caisse. Un « détail » mentionné lors de son entretien d’embauche. « Le médecin du travail a exigé que je sois assise quatre heures par jour », révèle-t-elle. Quelques jours après, son contrat a subitement pris fin, sous prétexte que sa période d’essai n’aurait pas été concluante. Autres remarques soulevées : les fiches de salaire, différentes d’un mois sur l’autre malgré un nombre d’heures constant. « On n’était pas tous payés pareil. Pour le même coefficient, les mêmes missions et heures, il y avait parfois une différence de 200 € », précise Aymeric. Les dimanches travaillés ? « Ils n’ont jamais été payés double comme promis », avancent des salariés. Contacté par 20 Minutes, Primark a tenu à réagir : « Les allégations relatives au non-respect des règles édictées par le droit du travail français dont notre entreprise fait l’objet sont sans fondement, a assuré la marque. Nous avons à coeur le bien-être de tous nos salariés. »