20 Minutes (Lyon)

Les conditions de travail chez Primark posent question

De nombreux salariés dénoncent les conditions de travail

- Caroline Girardon

Elle dit avoir « vécu l’enfer ». Le dossier de Sophie Duray, ancienne salariée de la boutique Primark La Valette (Var), est désormais devant les Prud’hommes. Un cas isolé ? Pas vraiment si l’on en croit une enquête menée par le magazine Boutique2M­ode en juillet. « 74% de nos salariés sont fiers de travailler chez Primark », affirme la marque. Mais dans les allées de la boutique de la Part-Dieu à Lyon, les avis sont divisés. « Je ne conseille à personne d’aller travailler là-bas », lâche Estelle, 22 ans, vendeuse d’octobre 2015 à mars 2016. La jeune fille en a perdu le sommeil. Huit mois après, le traumatism­e est encore là. « Je fais des insomnies ou n’arrive plus à dormir plus de quatre heures », confie-t-elle. Arrêtée deux semaines pour anxiété, elle a fini par jeter l’éponge : « Il fallait toujours aller le plus vite possible. » Et pas question de faire la moindre remarque. « Sinon, on était dans le collimateu­r de nos superviseu­rs. »

« Comme du bétail »

« Ils nous tapaient sans arrêt dans le dos pour nous dire d’aller encore plus vite comme si on était du bétail », témoigne Aymeric, 21 ans, marqué par « le ton méprisant » de ses supérieurs. « Ils disaient devant la clientèle : “Je vais t’en coller une, tu vas tomber par terre.” » « Certains managers sont à l’écoute et compréhens­ifs. D’autres vont jusqu’à faire pleurer les vendeurs », raconte Annabelle, ayant assisté à ce genre de scène. « On a tout vu là-bas, poursuit Estelle. Il nous est arrivé de mettre des habits moisis en rayon ou de devoir nettoyer les cabines lorsque les clients déféquaien­t sur place ou laissaient leurs vêtements sales pour partir avec ceux du magasin. » Béatrice, atteinte de sclérose en plaque, devait rester huit heures debout derrière sa caisse. Un « détail » mentionné lors de son entretien d’embauche. « Le médecin du travail a exigé que je sois assise quatre heures par jour », révèle-t-elle. Quelques jours après, son contrat a subitement pris fin, sous prétexte que sa période d’essai n’aurait pas été concluante. Autres remarques soulevées : les fiches de salaire, différente­s d’un mois sur l’autre malgré un nombre d’heures constant. « On n’était pas tous payés pareil. Pour le même coefficien­t, les mêmes missions et heures, il y avait parfois une différence de 200 € », précise Aymeric. Les dimanches travaillés ? « Ils n’ont jamais été payés double comme promis », avancent des salariés. Contacté par 20 Minutes, Primark a tenu à réagir : « Les allégation­s relatives au non-respect des règles édictées par le droit du travail français dont notre entreprise fait l’objet sont sans fondement, a assuré la marque. Nous avons à coeur le bien-être de tous nos salariés. »

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Une boutique Primark a ouvert à la Part-Dieu en octobre 2015.

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