20 Minutes (Lyon)

« Pas le droit à une seconde chance »

Le joueur qui a frappé un arbitre ne digère pas sa suspension de trente ans

- Pierre Comet

Dimitri* le sait. Il a sérieuseme­nt « merdé », le 18 mars sur la pelouse de Belleroche. Il le sait et il s’en veut. Jamais, il n’aurait dû frapper l’arbitre de la rencontre. « J’ai pété un câble, lance le footballeu­r amateur de 23 ans de l’US Vénissieux. Je n’aurais pas dû m’emporter. À cause de moi, le club va être rétrogradé d’Excellence à Promotion d’excellence. Je suis désolé. » Mais, passé la repentance, il y a aussi de la colère chez Dimitri. Car il ne comprend pas la très lourde sanction qui lui a été infligée par la commission de discipline du district de Lyon et du Rhône. Trente ans de suspension. Il ne pourra pas reprendre de licence avant ses 53 ans… « Je m’attendais à une lourde peine. Cinq ans, peut-être même dix ans. Mais pas trente. C’est abusé. Là, c’est perpétuité. Je n’ai pas le droit à une seconde chance. Du jour au lendemain, on me prive définitive­ment de ma passion. Je joue au foot depuis que je sais marcher. C’est dur. C’est comme si on disait à quelqu’un qu’il n’a plus le droit au Nutella. »

Une sanction habituelle

Dimitri est d’autant plus amer qu’il s’octroie volontiers des circonstan­ces atténuante­s. Il tient d’ailleurs à rectifier ce qu’il a pu lire dans la presse. « Les articles donnent l’impression que j’ai poignardé l’arbitre. Ils expliquent que j’étais en colère à cause de notre défaite 0-5. Mais ce n’est pas ça du tout. Ce qui m’a fait péter un câble, c’est l’arbitre. Je l’ai critiqué parce qu’il faisait plein d’erreurs et il a insulté ma mère. Normalemen­t, je ne suis pas un joueur violent. Mais là, j’ai pas su gérer. Je l’ai attrapé par le col et je lui ai donné deux coups de poing avant que l’on soit séparé. Le district se moque des circonstan­ces. Il a juste voulu faire de moi un exemple. » Le district de Lyon dément formelleme­nt tout traitement de défaveur. « Ce joueur de Vénissieux n’est pas le premier à être suspendu trente ans, assure Bernard Boisset, président de la commission de discipline. C’est la sanction que l’on applique systématiq­uement quand un arbitre est frappé. On a même radié des joueurs à vie pendant un temps. Grâce à cette sévérité mise en place en 2002, les actes de violences ont baissé. Nous sommes passés de 15 arbitres frappés par an à un ou deux. Après, si ce joueur veut faire appel, il peut. Mais ses chances sont minimes. Sinon, rien ne l’interdit de faire du badminton ou de la pétanque… » * Le prénom a été changé.

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Le joueur de l’US Vénissieux pourra retoucher un ballon à 53 ans.

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