Les propriétaires « vont mourir »
Pour compenser la baisse de 5 € de l’APL, Macron appelle à réduire d’autant les loyers
Emmanuel Macron a appelé publiquement, mardi, « tous les propriétaires [bailleurs privés et sociaux] à baisser les loyers de 5 € » par mois, ce qui compenserait la future baisse de l’aide personnalisée au logement (APL). 20 Minutes revient sur la viabilité et les conséquences d’une telle annonce.
Le contexte. Cette déclaration ne sort pas de nulle part. Emmanuel Macron affirme dans un entretien au Point paru jeudi qu’il envisage d’aller au-delà de la baisse controversée des APL, mais « seulement dans le cadre d’une transformation profonde qui doit faire baisser les loyers ». Alors que l’APL alimente selon lui la hausse des loyers, le chef de l’Etat préconise « un choc d’offre » que doit permettre un projet de loi présenté à l’automne.
Les réactions. L’Union nationale
VVdes propriétaires immobiliers (UNPI) a dit apprendre l’annonce « avec effarement et colère ». Selon elle, il n’y a pas eu de concertation entre l’Elysée et cette fédération revendiquant 250 000 adhérents et 120 chambres syndicales. Pour Jean Perrin, son président, la déclaration d’Emmanuel Macron est politique : « Il veut exciter les étudiants contre les propriétaires avant le rassemblement de Jean-Luc Mélenchon, afin de dévier la grogne. »
Le « vrai » coût de la baisse. « Il y a une volonté manifeste à ce que les propriétaires meurent, s’insurge Jean Perrin. Evidemment, 5 € sur un loyer parisien de 1 500 €, ça n’apparaît pas important. Sauf que la grande majorité des loyers n’a rien à voir avec Paris. » A Dijon, le président de l’UNPI loue 300 € un studio dont les taxes foncières lui coûtent à l’année 600 €. « Entre les charges sociales, les frais de gestion, les travaux... cet appartement doit être loué pendant douze mois pour être rentable.
VSauf que les logements sont loués en moyenne sept à huit mois. Et là, je ne vous parle pas des villes comme Bar-le-Duc, où la rentabilité peut être de zéro. Les propriétaires en viennent à perdre de l’argent à louer leur bien. »
Ce que dit la loi. « Il n’y a pas d’obligation [de baisser le loyer de 5 €] pour les propriétaires, car ils nouent des contrats de droit privé avec les
Vloueurs », rappelle Jean Perrin. Pour que la mesure revête un caractère obligatoire, il faudrait recourir à la loi. Ce qu’a demandé, mardi, le Parti communiste. « Je ne sais pas sur quelle planète vit Emmanuel Macron. Peutêtre sur Jupiter. Mais, sur la nôtre, lorsqu’un président veut réduire les loyers (...), il agit et fait voter une loi », a réagi Ian Brossat, chargé du logement à la Ville de Paris.
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