L’achat de vignes, concept d’avenir?
Pour se développer, des vignerons viennent de créer une société coopérative
Voilà qui pourrait tenter les amateurs de vins. Depuis quelques semaines, il est possible de devenir collectivement propriétaire de vignes du Beaujolais en devenant sociétaire d’Agamy Vignobles. Cette société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) a été créée par Agamy, un groupement de coopératives réunissant 500 vignerons présents dans le Beaujolais, les coteaux du Lyonnais et les Côtes du Forez. « Nous avons eu cette idée à la suite d’une enquête menée auprès des coopérateurs de la cave. Cette étude n’a fait que confirmer que nous n’échappions pas au vieillissement de la population agricole. Et que, sur certains secteurs, nous risquions de perdre de beaux terroirs, faute de reprise d’exploitation », explique Sébastien Coquard, le président d’Agamy. Pour préserver ces terres menacées et développer le domaine, les vignerons, tous actionnaires et fournisseurs d’Agamy, se sont mis en quête de solutions. Et de financements.
Gratifiés en bouteilles
Ils ont trouvé la clé en lorgnant sur un projet développé par une coopérative de la vallée du Rhône, Rhonéa Vignobles, une SCIC. En proposant à chacun d’acquérir des parts de vignes, celle-ci a séduit en un an plus de 250 sociétaires et collecté 550 000 €. Le principe de l’achat collectif de vignes est simple. Chacun – particuliers, entreprises, collectivités – peut acquérir des parts du vignoble (1000 € la part). Les sociétaires participent ensuite pleinement aux décisions. Si vous souhaitez faire un investissement spéculatif, passez votre chemin. Dans une SCIC, les bénéfices sont réinvestis pour développer l’activité. « C’est un investissement plaisir », confirme Sébastien Coquard. Les sociétaires sont gratifiés avec des bouteilles de leurs vignes.« Ils peuvent aussi s’impliquer en allant découvrir le vignoble, nos métiers ou en participant à des dégustations », ajoute ce viticulteur de 36 ans. D’ici à 2022, la SCIC espère réunir 4 000 sociétaires et avoir atteint 5 millions d’euros de capital. « Cela nous permettra de sauver les terroirs qui doivent l’être et d’acquérir 100 ha de vignes », ajoute le président d’Agamy. La coopérative vise en priorité l’achat de foncier dans la zone des crus du Beaujolais, sur laquelle la cave compte aujourd’hui peu de coopérateurs. A ce jour, une dizaine de demandes de souscriptions ont été validées, par des particuliers essentiellement.