Lyon-II alerte les pouvoirs publics
Depuis six jours, un amphi du campus de Bron abrite une cinquantaine de personnes
Dans un coin de l’amphi, des dizaines de matelas ont été entassés à côté d’une pile de couvertures et de vêtements apportés par des étudiants et des personnels de la fac. Un petit local technique a été reconverti dans l’urgence en zone de stockage de nourriture. Depuis six jours, une cinquantaine de migrants sont abrités dans un amphithéâtre de l’université Lyon-II sur le campus de Bron-Parilly. Cette occupation a été imaginée à la hâte par des étudiants la semaine passée pour venir en aide aux populations évacuées des abords de la Part-Dieu, où elles s’étaient installées.« Certains étudiants ont assisté à leur expulsion. Ils ont été choqués par la violence avec laquelle cela s’est déroulé. Nous n’avions pas prévu d’occuper un amphi, mais nous ne pouvions pas les laisser errer dans la rue », explique Yassine, l’un des jeunes mobilisés aux côtés des migrants.
Pas d’évacuation
« Mise devant le fait accompli », la présidente de Lyon-II a décidé de faire face et de ne pas faire évacuer ces migrants, parmi lesquels figurent une mère et ses enfants, quelques mineurs et de nombreux adultes sanspapiers. « L’Université devrait choisir entre mettre à la rue ces personnes et assurer ses missions d’enseignement. Nous ne voulons pas choisir, a expliqué mardi Nathalie Dompnier. Mais cette situation n’est pas satisfaisante car l’université est en dehors de ses missions. Nous ne savons pas loger ces femmes et ces hommes dignement », a ajouté la présidente, soucieuse de voir les pouvoirs publics se saisir de cette situation. « Ce qui nous frappe, c’est l’incurie des autorités publiques. Il revient à l’Etat de trouver des solutions d’héberge- ment et d’assurer l’accueil et le suivi médico-social de ces personnes. Nous en appelons à la responsabilité des uns et des autres pour ne pas rester dans cette situation insupportable », a martelé Nathalie Dompnier. Contactée par 20 Minutes, la préfecture a indiqué que des solutions d’hébergement ne pourraient pas être propo- sées tant que ces personnes ne se seraient pas fait connaître des services de l’Etat. « Nous devons savoir s’ils sont demandeurs d’asile, réfugiés ou déboutés du droit d’asile pour pouvoir les orienter », a précisé la préfecture. « Mais ce n’est pas parce qu’un amphi est occupé que leurs dossiers vont passer avant les autres. »