La réalité virtuelle utilisée pour apaiser avant l’opération
Le centre Léon-Bérard utilise cette technique depuis 2016
Encore ensuqué, Maxime confesse d’une voix lente qu’il a « piqué du nez ». Le jeune homme de 32 ans, soigné au centre anti-cancéreux Léon-Bérard (CLB) de Lyon, s’apprête à passer sur la table d’opération d’ici quelques minutes. En attendant, le patient a bénéficié d’une séance de réalité virtuelle. Le CLB est le premier centre en France à avoir eu recours à cette technologie pour réduire l’anxiété de ses malades avant de passer au bloc opératoire.
Des séances de 20 minutes
Entre mai 2016 et mars 2017, plus de 500 patients l’ont expérimenté. Allongé sur un fauteuil, casque sur les yeux, Maxime s’est endormi au bout d’une dizaine de minutes. Les images en trois dimensions et à 360 degrés lui ont permis de s’immerger sereinement dans les fonds marins pour suivre des yeux une baleine. Une alternative à la prémédication et aux médicaments sédatifs et anxiolytiques. « La bande sonore explique comment se détendre, comment relâcher ses jambes et se concentrer sur sa respiration sans chercher à la modifier », explique le jeune homme. « L’innovation n’est pas dans l’utilisation du casque, elle concerne l’application car il s’agit d’un programme d’auto-hypnose, note le professeur Hervé Rosay, à l’origine de ce projet, élaboré avec la start-up Oncomfort. En temps normal, l’hypnose est prodiguée par un médecin ou une infirmière. Mais ils ne sont pas toujours disponibles au moment où l’on a besoin d’eux. » « Cette pratique nécessite également d’être en forme et épuise le praticien. Elle demande de se plonger dans un état de transe ou du moins dans une phase analogue au sommeil. Les personnes habilitées à recourir à l’hypnose ne peuvent pas faire plus de deux séances par jour », poursuit le professeur. Il ajoute : « L’avantage de la méthode virtuelle est de pouvoir soulager le personnel soignant et traiter un plus grand nombre de patients. » Les séances durent en moyenne vingt minutes et peuvent aller jusqu’à cinquante minutes pour les personnes les plus anxieuses. Isabelle, infirmière, formée à l’hypnose, salue cette initiative qui n’apporte selon elle « que du positi ». « C’est une façon d’apporter aux patients de la bienveillance. La plupart du temps, leur anxiété diminue grandement. ». 60 % des patients affirment être trois ou quatre fois moins angoissés à l’issue de la séance et 30% en moyenne finissent même par s’endormir. « On sait qu’il y a un meilleur vécu pour le malade. Si on arrive à réduire son angoisse avant une opération, on va de fait diminuer la douleur pendant une intervention mais aussi après. Le patient sera moins hypersensible », conclut Hervé Rosay.