Ça jette un froid
Faute d’argent, d’un bon équipement ou d’une isolation correcte, un Français sur cinq a du mal à se chauffer.
La précarité énergétique affecte la qualité de vie.
Le froid qui glacera le pays jusqu’en milieu de semaine (lire ci-dessous) va pénaliser davantage les 12,1 millions de personnes (soit un Français sur cinq) qui souffrent de précarité énergétique, c’est-à-dire qui ont froid dans leur logement. Et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas que de locataires. « Beaucoup de personnes âgées avec des petites retraites et qui sont propriétaires de leur bien sont dans l’incapacité de faire les travaux pour mieux isoler leur logement », observe Christophe Robert, délégué général de la Fondation AbbéPierre. Idem pour ceux qui vivent dans une copropriété dégradée. Autre point commun de ces « précaires énergétiques » : « Ce sont des ménages à faibles ressources pour lesquels le coût du chauffage est trop élevé et qui consacrent plus de 10 % de leurs revenus aux dépenses énergétiques », souligne Christophe Robert. Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), ces dernières s’élèvent en moyenne par an à 1925 €, contre 1584 € pour la moyenne nationale. Faute d’argent, certains ménages ne peuvent plus non plus payer leur facture d’électricité ou de gaz, ce qui conduit leur fournisseur en énergie à leur couper l’électricité ou à en réduire la puissance. Selon le rapport du médiateur de l’électricité, 604000 interventions de ce type ont ainsi eu lieu en 2016. La précarité énergétique joue aussi sur la qualité de vie, en premier lieu la santé. D’après l’ONPE, 48 % des adultes souffrent de migraines, 41 % d’anxiété, 22 % de bronchites chroniques. Chez l’enfant, les symptômes de sifflement respiratoire sont multipliés par quatre. « On constate aussi une tendance à l’isolement social chez les personnes qui vivent ainsi », observe Christophe Robert. Face à ce fléau, les gouvernements successifs ont tenté d’agir. Un chèque énergie est proposé depuis le 1er janvier aux ménages modestes pour les aider à payer leur facture énergétique (électricité, gaz, fioul, bois...). Son montant, toutefois (150 € en moyenne par an), est insuffisant pour « sortir les ménages de la précarité énergétique », remarque Christophe Robert. Daniel Verger, responsable du pôle action au Secours catholique, rappelle quant à lui que « la loi de transition énergétique de 2015 prévoit la rénovation de 500 000 logements par an à partir de 2017, dont 250 000 pour les plus modestes ». Reste à savoir si l’objectif sera tenu…