20 Minutes (Lyon)

« La télé est ouverte à tous »

CYRIL HANOUNA

- Propos recueillis par Benjamin Chapon

A l’occasion de la journée nationale en faveur de l’inclusion des personnes handicapée­s, l’animateur s’engage et explique sa démarche à « 20 Minutes ».

Cyril Hanouna a annoncé lundi soir dans « Touche pas à mon poste ! » (« TPMP »), sur C 8, une initiative exceptionn­elle pour le 26 avril, la journée de sensibilis­ation à l’inclusion des personnes handicapée­s, intitulée Duoday. Comme de nombreuses entreprise­s, l’émission va accueillir ce jour-là une personne handicapée. Cette dernière pourra suivre dans son quotidien l’animateur-producteur de télévision et, le soir, présenter « TPMP » à ses côtés. Le présentate­ur vedette a embarqué toutes les chaînes du groupe Canal+ dans sa démarche. Plusieurs émissions de Canal+, C! ou CNews accueiller­ont ainsi des handicapés à l’antenne. Cyril Hanouna a tenu à expliquer sa démarche à 20 Minutes.

Vous êtes assez rare dans la presse. Pourquoi vous exprimer sur cette initiative particuliè­re ?

Je veux absolument que les autres chaînes se mobilisent, et pas seulement le groupe Canal+ : M6, France Télés, TF 1… Ce serait génial, je serais comme un fou. Le handicap est un sujet qui concerne tout le monde, qui touche toutes les familles. Or ces personnes sont traitées différemme­nt, parfois mises au ban de la société. Il faut que le regard change sur le handicap. Je suis sûr qu’il y a des chaînes qui vont me suivre.

« Le meilleur moyen d’aborder des sujets difficiles, c’est de rire, de tout, avec tous. »

Vous semblez très investi…

On a lancé « TPMP ouvert à tous » en octobre. Le meilleur moyen d’aborder des sujets difficiles, c’est de rire, de tout, avec tous. C’est ce qu’il se passe dans « TPMP ouvert à tous », où l’on intègre des chroniqueu­rs handicapés à la bande tous les vendredis. C’est très important pour moi.

Pourquoi ?

J’ai une cousine handicapée. A chaque repas de famille, c’est elle qui me fait le plus rigoler, parce que c’est elle qui a le moins de barrières. Dans le public, plein de personnes en situation de handicap sont heureuses de venir et me disent : « On a envie qu’on nous considère comme des gens normaux, qu’on nous parle de meufs, de boulot… » Il faut que le regard des gens change. Les handicapés ont envie de vanner et de se faire vanner. Ils veulent faire des émissions où on se marre et où les considère pour leur avis, pas pour leur handicap.

Mais les invités du « TPMP » du vendredi, vous les invitez tout de même parce qu’ils sont handicapés…

Ils sont là pour donner leur avis sur la télé, comme les autres animateurs. Les réactions, sur les réseaux sociaux, au début c’est : « Ouais le pauvre, il doit en baver. » Mais au bout de quelques minutes, les téléspecta­teurs s’attachent, ou pas, aux personnage­s et disent : « Je ne suis pas d’accord avec lui. » Ils les adoptent et les attaquent ou les soutiennen­t comme les autres animateurs. Ils oublient le handicap. Les personnes handicapée­s font partie de la bande. L’une d’elles est venue me voir après une émission, hyper contente parce qu’elle s’était fait fracasser sur Twitter, comme moi, comme les autres. C’est ce que je voulais, que les gens sortent du regard compatissa­nt sur les handicapés.

Pensez-vous que ce soit le rôle d’une émission de détente ?

Absolument. « TPMP », aujourd’hui, est l’émission la plus ouverte. On accueille tout le monde. Toute la population est représenté­e, toutes les cultures, toutes les religions… C’est comme ça que j’ai été éduqué. J’ai des amis handicapés. Tout naturellem­ent, j’ai envie d’en avoir dans l’émission.

L’humour entre les chroniqueu­rs de « TPMP » est parfois violent, vous admettez vous-même être parfois allé trop loin. Comment placez-vous le curseur avec les chroniqueu­rs handicapés ?

A « TPMP », on se connaît tellement bien qu’on se dit des choses… comme dans une famille. Il y en a qui s’aiment plus ou moins, qui sont plus ou moins contents de se voir. Mais au bout du bout, ça reste une famille. Les personnes handicapée­s que j’ai intégrées se sont toujours super bien adaptées à la bande. Il n’y a jamais eu de problème. Si je me comportais avec eux différemme­nt, là il y aurait un problème. Et puis ils ont souvent un regard très aiguisé sur les choses, sur les émissions de télé. Ils sont beaucoup plus attentifs et leur avis compte pour moi.

« J’essaie de mettre à profit l’audience de l’émission pour porter ces sujets d’inclusion. »

Vous espérez fédérer la concurrenc­e. Mais ne pensez-vous pas que, parce que c’est vous qui lancez le mouvement, certains ne vont pas vouloir vous rejoindre ?

Je pense que tout le monde va adhérer. C’est un sujet assez important pour que tout le monde se rassemble autour. C’est ma volonté. Peu importent les commentair­es des observateu­rs, j’ai toujours voulu rassembler les gens, jamais les diviser. « TPMP » est une émission populaire, qui s’adresse à tous et continuera à le faire.

Après une saison 2016-2017 marquée par des polémiques et des dérapages, avez-vous l’impression de vous racheter une conduite avec une initiative sur l’inclusion des handicapés ?

Pas du tout. Alors, c’est vrai, on est sans filet, on est en direct. Dire des bêtises, ça nous arrive. Mais on ne veut pas perdre notre spontanéit­é. On souhaite surtout accueillir tous les avis. Je ne choisis pas. L’inclusion, c’est justement de ne pas choisir. J’essaie de mettre à profit l’audience de l’émission pour porter ces sujets d’inclusion. Quand j’ai lancé les vendredis, les gens m’ont dit que ça ne marcherait jamais. Résultat : ça cartonne. J’aurais pu le faire une fois pour dire : « OK, je l’ai fait », mais je ne suis pas dans cette démarche-là. Je travaille sur le long terme. Je pense que ces initiative­s peuvent vraiment changer le regard des gens sur le handicap. J’ai envie de ça. Chez les jeunes, je sens bien que les choses changent dans le bon sens. Mon message, c’est : « La télé est ouverte à tous. »

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 ??  ?? L’animateur-producteur souhaite sensibilis­er le public à l’inclusion des personnes handicapée­s à l’occasion de la journée nationale Duoday.
L’animateur-producteur souhaite sensibilis­er le public à l’inclusion des personnes handicapée­s à l’occasion de la journée nationale Duoday.

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