«Si on continue comme ça, les systèmes électriques vont craquer»
Le bitcoin fait fantasmer de nombreux «mineurs» du dimanche persuadés que la fortune est à la portée de leur ordi. La réalité est moins reluisante. Le protocole de cette monnaie virtuelle coûte un bras à notre planète. Le minage du bitcoin dans des fermes informatiques, par des milliers d’ordinateurs mis en concurrence, consomme plus d’électricité que la Serbie, selon le site spécialisé Digiconomist. croître aussi rapidement. Les systèmes électriques vont craquer.» Le jour où le prix de l’électricité augmentera en Islande, par exemple, le système ne sera plus aussi attractif. Il l’est déjà beaucoup moins qu’il y a quelques mois. Entre fin 2017 où le bitcoin avoisinait les 20 000 $ (16900 €) et aujourd’hui, où il est redescendu à 6500 $ environ (5500 €), sa rentabilité a beaucoup baissé. Entre le désastre écologique que le bitcoin laisse entrevoir et son algorithme qui manque de raffinement, la monnaie est confrontée à ses propres limites. «Elle n’a pas été conçue pour un passage à la très grande échelle », reprend l’économiste. On ne peut pas imaginer multiplier des services fonctionnant sur des chaînes du type bitcoin», confirme Laure de La Raudière, co-rapporteure de la mission d’information sur les blockchains à l’Assemblée nationale. D’autres blockchains moins gourmandes en énergie pourraient prendre la relève. Mais on n’est pas à l’abri de rencontrer de nouveaux problèmes environnementaux. Toute amélioration technologique a ses effets pervers. «La [réduction de la]consommation des voitures n’a pas permis d’utiliser moins d’essence, elle a permis aux automobilistes de faire plus de kilomètres », explique la chercheuse au CNRS Anne-Cécile Orgerie dans «Numérique : le grand gâchis énergétique» sur le site CNRS Le journal. C’est le «paradoxe de Jevons», ou la «magie» de la transition numérique.