Des associations militent pour un autre dispositif
La nouvelle usine d’Ivry-Paris-13 ne convainc pas les associations
Peut-on avoir confiance en notre capacité à réduire nos déchets et à mieux les recycler? C’est toute la question que soulève le projet de reconstruction de l’incinérateur d’Ivry-Paris-13, en ce moment en discussion. C’est dans cette usine qu’atterrissent les ordures ménagères non triées de la moitié de la capitale et de 14 communes de la petite couronne. Soit 700 000 t de déchets par an. Mais, le site arrivant en fin de vie, il faut le changer. Le nouvel incinérateur sera dimensionné pour traiter deux fois moins d’ordures. Le Syctom (syndicat mixte central de traitement des ordures ménagères) prévoit de construire un nouvel incinérateur qui pourrait ouvrir en 2023. Il serait dimensionné pour traiter deux fois moins de déchets. «Il s’agit d’un pari audacieux », souligne le cabinet du président du syndicat. Le Syctom mise sur la baisse annoncée des quantités de déchets générés par habitant en France. Mais ça ne devrait pas suffire. « Il devra, quoi qu’il en soit, trouver une nouvelle porte de sortie à des milliers de tonnes de déchets jusque-là incinérés, explique JeanChristophe Pouet, de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Ce qui l’obligera à renforcer la prévention, la collecte séparée et le tri/recyclage des déchets, des modes de traitement privilégiés par la loi de transition énergétique de 2015. » Zero Waste France et le Collectif 3R tiquent sur la réelle intention du Syctom de brûler deux fois moins d’ordures. Juste à côté du nouvel incinérateur est prévue une usine dite de tripréparation. « Au lieu d’être directement incinérée, une partie des ordures ménagères passera dans cette usine, détaille Anne Connan, coprésidente du collectif 3R. Elles y seront hachées menu, mélangées dans l’eau, puis laissées en fermentation.» L’idée est de récupérer les biodéchets (les épluchures, les restes alimentaires) pour les valoriser en faisant du compost, par exemple. Un processus qui laisse sur le carreau des déchets concentrés, qui seront alors incinérés. «Le Syctom évalue leur quantité entre 180000 et 200000 t par an, précise-t-elle. Il ne brûlera donc pas réellement deux fois moins de déchets à l’avenir. C’est juste qu’une partie de ces déchets sera préparée, donc moins lourde.» Zero Waste et le Collectif 3R soutiennent qu’il existe une autre solution à la reconstruction de l’incinérateur Ivry-Paris-13. C’est leur plan B’OM (baisse des ordures ménagères), dans lequel ils préconisent de porter les efforts sur le tri, le recyclage et le réemploi de nos déchets. « Trois cent vingthuit kilos de déchets par habitant ont été jetés non triés dans les poubelles grises sur le territoire du Syctom en 2016, et donc incinérés, indique Flore Berlingen, de Zero Waste. Or, 247 kg pourraient être traités autrement. Soit 75 %. »