Près d’un actif en emploi sur dix touché par la dépression
Santé La spécialiste Imane KhireddineMedouni a étudié la dépression chez les personnes actives
Le travail, c’est la santé ? Pas toujours… Si les études de Santé publique France ne répondent pas précisément à la question du lien entre travail et dépression, elles mettent en lumière des enseignements précieux sur ces Français touchés par des épisodes dépressifs : âge, métier, genre… Pour expliquer les chiffres, 20 Minutes a interrogé Imane Khireddine-Medouni, coauteure de cette étude du Baromètre santé, concentrée sur les actifs.
Vous vous êtes concentrée sur la population active en emploi et sur les différences entre professions, que faut-il en retenir ? Environ 8,2 % des actifs en emploi ont vécu une dépression en 2017. Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes, avec un taux de 11,4 % pour les unes contre 5,3 % pour les autres. Chez les hommes, il y a des différences selon les secteurs d’activité, contrairement aux femmes. L’hébergement, la restauration, les activités financières et assurances, et enfin les arts et spectacles sont les plus concernés. Est-ce que ces résultats doivent inquiéter au sujet de cette maladie peu connue et sous-diagnostiquée ? Au regard de la forte prévalence (1 personne sur 10) et des impacts sociaux, économiques et sanitaires importants de la dépression (conduites suicidaires, arrêts de travail, retentissements sur l’entourage…), ces données doivent interpeller les pouvoirs publics.
Une nuance à apporter, cette étude ne dit pas si cette dépression est liée au travail…
Tout à fait. L’étude s’appuie sur la description de la dépression des personnes en emploi, mais ça ne veut pas dire qu’elle est causée par le travail. Il pourrait y avoir une part expliquée par les conditions de travail, mais aussi d’autres hypothèses. Comment différencier un petit coup de mou et une dépression-maladie ?
Pour identifier ce qu’on appelle un épisode dépressif caractérisé, il faut repérer plusieurs symptômes, tristesse ou perte d’intérêt, auxquels on associe au moins trois symptômes secondaires : épuisement, manque d’énergie, prise ou perte d’au moins cinq kilos, difficultés pour dormir, pour se concentrer, perte de confiance en soi et pensées de mort. Mais, surtout, ces symptômes doivent être présents de façon continue pendant au moins 15 jours.