20 Minutes (Lyon)

Une lueur d’espoir?

La Conférence sur le climat, qui s’est ouverte en Pologne, doit notamment être l’occasion de présenter des solutions contre le réchauffem­ent de la planète. Dans le massif du Mont-Blanc, le métier de guide de haute montagne pourrait évoluer du fait de la h

- Elisa Frisullo

Fin août 2017, dans les Grisons, en Suisse, plus 3 millions de m3 du Piz Cengalo se sont effondrés. Huit personnes sont mortes dans l’avalanche rocheuse et la coulée de boue qui ont suivi. Un écroulemen­t exceptionn­el qui illustre bien, selon les chercheurs, les effets du réchauffem­ent climatique dans le massif du Mont-Blanc. Ces conséquenc­es, bien visibles depuis une vingtaine d’années dans les Alpes, devraient encore s’accentuer jusqu’à la fin du siècle, selon des spécialist­es interrogés par 20 Minutes,à l’occasion de la COP 24 qui a commencé dimanche en Pologne.

« Les températur­es vont continuer à se réchauffer de plus en plus vite », indique Ludovic Ravanel, un géomorphol­ogue de 36 ans, chargé de recherches CNRS au laboratoir­e Edytem de l’Université de Savoie. L’accélérati­on du réchauffem­ent est deux à trois fois plus rapide dans les sommets alpins qu’ailleurs. «Depuis 1936, les températur­es enregistré­es à Chamonix ont augmenté de 2 °C, contre 0,74 °C à l’échelle planétaire sur tout le XXe siècle », souligne-til. Les climatolog­ues prévoient une hausse des températur­es de 3 à 5 degrés d’ici à la fin du siècle. Le signe le plus visible est la fonte des surfaces glacières, qui ont diminué de moitié dans les Alpes depuis le début du XXe siècle.

Un « casse-tête »

Face au changement climatique, les profession­nels de la montagne ne se bercent guère d’illusions. « Il va falloir changer nos habitudes de guide. Tout cela va nous forcer à évoluer dans notre pratique afin de choisir le terrain le plus sûr, par rapport à sa stabilité, au moment le plus sûr», confie Jean-Christophe Bèche, guide dans le massif du Mont-Blanc depuis 1978. Des étés caniculair­es et des hivers très enneigés, ce Haut-Savoyard en a connu. Mais l’hiver dernier lui est apparu particuliè­rement compliqué. «Les conditions d’enneigemen­t étaient bonnes. Mais en quelques heures, à 3 000 m, on passait de la neige à la pluie, puis au grand beau. Ces variations rendaient le manteau neigeux particuliè­rement instable. Cela a été un casse-tête tout l’hiver pour les guides.» Au cours des dernières décennies, il a vu le massif changer. « Plusieurs courses de neige qui étaient habituelle­s en juillet et en août ne sont plus d’actualité.» La voie normale de l’Aiguille verte, par exemple, qui était encore bien enneigée l’été dans les années 1980, est aujourd’hui privée de neige dès la fin du printemps.

Des changement­s avec lesquels les profession­nels de l’alpinisme et du tourisme vont devoir composer. «On ne peut plus faire machine arrière. Les périodes de vacances sont importante­s pour nous. Nous allons devoir nous interroger sur la manière dont nous allons articuler le tourisme », conclut le guide.

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A Paris, vendredi. A nos lecteurs. Chaque mardi, retrouvez « 20 Minutes » en version PDF sur le site et les applicatio­ns mobiles. Et suivez l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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L’accélérati­on du réchauffem­ent est trois fois plus rapide sur les sommets.
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